Deux mois après leur rentrée triomphale au Capitole, les démocrates du Congrès américain doivent faire face à leurs premières dissensions, certains élus centristes appelant notamment à la modération dans les dépenses.

Dès les premiers jours de janvier, le 111e Congrès des États-Unis s'était lancé, avant même l'investiture du nouveau président, dans les grands chantiers de l'ère Obama. Son premier bilan: un plan de relance de l'économie de 787 milliards de dollars, un nouveau feu vert donné mardi au Sénat pour une dernière tranche de 410 milliards de dollars sur le budget 2009, dit «Omnibus» et plusieurs autres textes prenant le contre-pied de la politique de George W. Bush.

Son prochain gros morceau: le budget 2010 destiné à relancer l'économie américaine, soit pas moins de 3.552 milliards de dollars pour 2010.

Face à de telles dépenses, certains démocrates ont le vertige.

Le sénateur Evan Bayh par exemple s'est illustré la semaine dernière en se prononçant contre l'Omnibus.

«Alors que beaucoup d'Américains doivent se serrer la ceinture, et que de nombreuses entreprises doivent prendre des décisions difficiles, on dirait que le Congrès est en pilote automatique», a déploré M. Bayh dimanche sur la chaîne ABC. Il souligne que l'Omnibus augmente de plus de 8% les dépenses budgétaires, dépassant le taux d'inflation.

D'autres s'opposent pour des raisons personnelles ou «de principe» tels que le sénateur Robert Menendez, descendant d'émigrants cubains, mécontent d'une disposition dans l'Omnibus destinée à lever des restrictions sur Cuba.

«Tout changement dans ces politiques mérite un débat démocratique et des délibérations minutieuses. C'est tout simplement anti-démocratique de glisser cela au milieu d'un énorme projet de loi, sans aucun rapport, mais qui doit être adopté à tout prix», a-t-il dit mardi en annonçant qu'il voterait tout de même pour le projet de loi.

Interrogé peu avant le vote sur l'Omnibus sur les défections démocrates, le président du groupe majoritaire au Sénat Harry Reid a déclaré: «les démocrates soutiennent cette législation (...) Maintenant, cela veut-il dire que 100% vont l'approuver? Non. Mais 95% vont voter pour».

La bataille pour l'adoption du budget 2010, présenté fin février par le président Barack Obama, s'annonce plus complexe encore. La Maison-Blanche et les chefs démocrates tablent sur une adoption dans le courant du mois d'avril.

Mais certains points n'emportent pas l'adhésion de hauts responsables démocrates au Congrès.

Ainsi l'influent représentant Charles Rangel a exprimé des «inquiétudes», selon une source démocrate au Congrès, sur une mesure visant à limiter les déductions fiscales pour les 1,2% de contribuables les plus riches, arguant que cela ferait baisser les dons aux oeuvres de charité.

Le sénateur Max Baucus a de son côté dit que «d'autres options» existaient pour aider à réduire les coûts de la couverture santé, un des objectifs du budget 2010, selon une autre source démocrate au Congrès.

D'autres tensions au sein du camp démocrate s'annoncent encore dans les prochaines semaines. Cela devrait être le cas notamment pour une loi destinée à faciliter la création de syndicats. Au Sénat, les chefs de la majorité pourraient avoir du mal à obtenir les 60 voix, sur 100, nécessaires à l'adoption du texte.

La sénatrice Blanche Lincoln a déclaré dans le Wall Street Journal de mardi que ce texte «créerait la division, et nous n'avons pas besoin de cela maintenant».