Le vice-président américain Joe Biden a estimé mardi que tendre la main aux talibans modérés pour parvenir à pacifier l'Afghanistan «vaut le coup d'être essayé», comme cela avait été fait avec succès en Irak à l'égard des opposants sunnites les plus radicaux.

«Cela vaut le coup d'être essayé», a-t-il déclaré à la presse, alors qu'il était interrogé sur la suggestion du président Barack Obama dans une interview dimanche au New York Times qu'il faudrait tenter de parler avec les moins extrémistes des talibans.

«J'estime que cela vaut le coup d'entrer en contact et de déterminer s'il y en a (parmi les talibans) qui veulent participer à un Etat afghan stable et sûr», a-t-il ajouté.

Il s'est dit d'accord avec l'évaluation de l'émissaire américain pour l'Afghanistan Richard Holbrooke, selon lequel «5% des talibans sont incorrigibles», «25% ne sont pas tout à fait sûrs de l'intensité de leur engagement» et «environ «70% sont avec eux pour l'argent».

M. Biden venait pendant deux heures de «consulter» les ambassadeurs des 26 pays de l'Otan au siège bruxellois de l'Alliance atlantique sur la stratégie à adopter en Afghanistan et au Pakistan pour en finir avec la menace terroriste.

Quant au contenu pratique des propositions à faire aux talibans, M. Biden a souligné qu'il appartenait au gouvernement afghan de mener ces travaux d'approche. L'essentiel, a-t-il dit, est que «cela ne sape pas la légitimité» du gouvernement de Kaboul.

«Nous cherchons des solutions pragmatiques afin d'atteindre notre but, qui est que l'Afghanistan ne soit pas un sanctuaire pour les terroristes, et soit capable de se gouverner seul et de veiller à sa propre sécurité», a insisté le vice-président américain.

Soulignant le succès de la stratégie américaine en Irak consistant à faire venir des insurgés sunnites à la table des négociations en les éloignant d'Al-Qaïda, M. Obama avait indiqué au New York Times qu'il «pourrait y avoir des occasions similaires en Afghanistan et dans la région pakistanaise».

M. Biden, évoquant lui aussi le précédent irakien, a souligné que «l'idée que tous les sunnites soutenaient Al-Qaïda était tout simplement fausse».

Dans la même interview au quotidien américain, à la question de savoir si les Etats-Unis étaient en train de gagner la guerre en Afghanistan, nouveau front de la lutte contre le terrorisme selon le président américain, M. Obama avait simplement répondu: «Non».

Invité là encore à commenter les propos du président, M. Biden a répondu: «Nous ne gagnons pas aujourd'hui la guerre mais elle est loin d'être perdue».