Après l'Oregon, c'est à l'Etat de Washington, également dans le nord-ouest des Etats-Unis, d'autoriser le suicide assisté. Une nouvelle loi en ce sens entre en vigueur jeudi. Elle permettra aux patients en phase terminale ayant moins de six mois à vivre de demander à leur médecin la prescription de doses létales de médicaments.

A l'approche de son application, ses défenseurs et ses opposants s'affrontent sur fond d'éthique.

«De nombreux médecins hésitent à parler publiquement de leur position sur ce sujet», résume le Dr Tom Preston, cardiologue à la retraite et membre du conseil d'administration de Compassion & Choices, une association qui a fait campagne pour cette loi et qui la soutient.

«Il y a beaucoup de médecins qui, sur le principe, approuveraient ou qui ne se sentent pas gênés par cette question, mais qui, pour de nombreuses raisons sociales et professionnelles, ne veulent pas participer», ajoute-t-il. Avec le temps, selon lui, de plus en plus de médecins qui n'y sont opposés ni religieusement, ni philosophiquement, seront d'accord pour participer. «Ca va être un changement culturel», prévient-il.

En 2006, la Cour suprême des Etats-Unis a déclaré qu'il appartenait aux Etats de réguler les pratiques médicales, notamment le suicide assisté. L'Etat de Washington est le second après son voisin, l'Oregon, à avoir adopté le suicide assisté.

Selon la loi promulguée dans ces deux Etats, les médecins et les pharmaciens ne sont pas obligés d'écrire ou à remplir des prescriptions létales s'ils sont opposés à la loi.

Ainsi le Dr Stu Farber, directeur de l'unité de soins palliatifs à l'Hôpital universitaire de Washington, qui a voté contre cette mesure et n'envisage pas de prescrire ces doses létales pour le moment. «Je ne suis pas là pour dire aux gens comment ils devraient vivre leur vie ou la fin de leur vie», souligne-t-il, ajoutant qu'à l'avenir peut-être, une histoire particulièrement convaincante le fera changer d'avis.

Stu Farber a dit qu'il enverrait les patients vers l'association Compassion & Choices après avoir parlé avec eux de leur décision. L'association cherche à réunir des médecins et des pharmaciens qui ne sont pas opposés à la loi, a ajouté son directeur exécutif, Robb Miller.

«Les médecins n'arrivent pas encore à comprendre exactement comment marche la loi», note Miller. «Bien qu'il y ait un manque de compréhension, la tendance est à la réticence».

Le Dr Robert Thompson, interne et cardiologue au Centre médical suédois de Seattle, qui a voté en faveur de la loi, a déclaré qu'en 32 ans de pratique, il avait eu l'occasion de traiter des gens qui auraient pu bénéficier de cette loi. «Je crois qu'à titre de compassion et de droit individuel, cette mesure aurait pu être une éventualité pour eux».

La loi de Washington est basée sur celle de l'Oregon, entrée en vigueur à la fin de 1997. Depuis, plus de 340 personnes, la plupart atteintes de cancer, se sont servies de cette mesure pour mettre fin à leurs jours.

Selon la loi de l'Etat de Washington, tout patient qui réclame un suicide assisté doit avoir au moins 18 ans, être déclaré sain d'esprit et habiter les Etats-Unis. Il doit faire deux demandes par oral, à 15 jours d'intervalle, et soumettre une demande par écrit en présence de deux témoins, dont l'un ne doit être ni de la famille, ni un héritier, ni un médecin traitant, ou en relation avec une structure hospitalière dans laquelle réside le demandeur. Deux médecins doivent certifier que le patient est bien en phase terminale, six mois lui restant à vivre au maximum.

Un élément que contestent des médecins opposés à la mesure qui pointent l'incertitude de ce diagnostic de six mois. «Il est évident pour moi que si cette mesure est trop facile à appliquer, alors des gens mourront prématurément», avertit le Dr Linda Wrede-Seaman, un médecin de famille et spécialiste de soins palliatifs à Yakima.

Les personnels soignants qui prescrivent ou qui donnent le traitement doivent envoyer une copie du dossier aux services de santé de l'Etat, chargés de publier un rapport annuel sur l'application de la loi.