Le Pentagone compte lever l'interdiction faite à la presse de photographier l'arrivée sur le sol américain des cercueils de soldats tués en Irak ou en Afghanistan, sous réserve de l'accord des familles, a annoncé jeudi le secrétaire américain à la Défense Robert Gates.

«Le président (Barack Obama) m'a demandé d'examiner cette politique (...) J'ai décidé que la décision d'autoriser les médias à couvrir le processus de transfert à Dover (base aérienne située dans le Delaware, où atterrissent les avions rapatriant les corps de soldats tués au front, ndr) devrait être prise par les familles des soldats décédés», a-t-il déclaré.

«Le président soutient la décision du secrétaire à la Défense», a réagi le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

L'interdiction en vigueur avait été instaurée en 1991 sous l'administration de George Bush père (1989-1993).

L'administration de George W. Bush avait été accusée de cacher, par cette politique, le coût humain des conflits en Irak et en Afghanistan, au cours desquels quelque 5.000 soldats américains ont trouvé la mort.

M. Gates a expliqué avoir réclamé un examen de cette politique il y a un an, lorsqu'il dirigeait le Pentagone au sein de l'administration Bush, mais qu'on lui avait recommandé de ne pas la changer.

«Aujourd'hui je dirais qu'il y a toujours des divisions» sur la question, «mais plus maintenant», a-t-il conclu.

La décision a été critiquée par l'Union des familles de militaires, qui s'est dite «déçue». «Ceci montre un mépris total vis-à-vis des familles américaines de militaires, et de leur besoin d'intimité pendant ce moment solennel», écrit cette association dans un communiqué.

Selon un sondage publié jeudi par CNN et réalisé auprès de 1.046 Américains, 67% des personnes interrogées estiment que le gouvernement devrait autoriser la presse à couvrir le retour des dépouilles de soldats.