Le président Barack Obama devait expliquer pour la première fois mardi à une Amérique inquiète comment il compte la sortir de la pire crise qu'elle ait connue depuis des décennies et la conduire vers des jours meilleurs.

M. Obama doit faire à 21Hh ses débuts de président devant les deux chambres réunies du Parlement. A une heure de grande écoute, il devait prononcer à l'intention des Américains un discours solennel équivalent à l'allocution annuelle sur l'état de l'Union, grand rituel de la vie politique nationale.

Sa popularité en des temps difficiles devrait lui permettre de dresser à nouveau un tableau «honnête» et donc sombre d'une économie en proie au marasme le plus profond depuis les années 30. Mais, cette fois, il devrait aussi signifier aux Américains que des «jours meilleurs» les attendent, selon son porte-parole Robert Gibbs.

Ce discours, appelé à durer de 50 minutes à une heure, devrait être l'occasion pour M. Obama, non plus seulement d'énoncer les principes directeurs de sa présidence, comme dans son discours d'investiture le 20 janvier, mais aussi de commencer à articuler ses politiques.

Après un premier mois consacré à faire adopter un plan et des mesures d'urgence pour combattre la crise, et deux jours avant de présenter son premier budget, M. Obama devait affirmer son intention de résorber de moitié le déficit de l'Etat d'ici à la fin de sa présidence en 2013.

Il devait dire sa volonté de réformer la couverture santé et l'impôt, autant pour diminuer le déficit que pour tenir la promesse électorale de changement.

Il devrait parler de réforme de l'éducation, de la nécessité de promouvoir les énergies renouvelables et de combattre le réchauffement climatique.

Ce que M. Obama pourra dire sur l'Iran, l'Afghanistan, le Pakistan ou l'Irak a toutes les chances de retenir l'attention.

Mais c'est l'économie qui devrait dominer. Selon un sondage réalisé pour le quotidien The New York Times et la chaîne CBS, 55% des Américains disent arriver tout juste à joindre les deux bouts et 64% redoutent que quelqu'un de la famille ne perde son emploi dans l'année.

Sans illusions, les Américains pensent en majorité qu'il faudra des années pour s'en sortir, accordant le bénéfice de la durée à un président qui a hérité de la crise.

Ainsi, 68% d'entre eux approuvent l'action de M. Obama, malgré l'opposition intransigeante de ses adversaires républicains au cours du premier mois, selon un autre sondage du Washington Post et ABC; 58% ont confiance dans l'effet positif du plan de relance de 787 milliards de dollars qu'il vient de promulguer.

Cela n'empêche pas les doutes. Ce plan de relance doit prouver son efficacité. Les marchés ont mal accueilli les mesures de soutien pour les banques. La Bourse de New York a fini lundi à son plus bas niveau en près de 12 ans. Et la pression s'accroît sur l'administration pour qu'elle en fasse davantage pour l'industrie automobile en particulier.

Il y a aussi l'inquiétude qu'en se montrant trop «honnête» dans son évaluation de la situation, M. Obama ne sape la confiance nécessaire. L'ancien président Bill Clinton lui a même conseillé de se montrer plus optimiste.

Barack Obama devrait d'ailleurs «conclure son propos (devant le Congrès) sur un vigoureux message d'espoir», en affirmant que les Américains ont surmonté les difficultés par le passé et que l'Amérique en est ressortie «plus belle», a dit son porte-parole sur CNN.