Barack Obama, qui attaque sa cinquième semaine à la Maison Blanche, a introduit un style plus décontracté à la présidence américaine mais qui cache d'intenses séances de travail, parfois fort tardives.

Le nouveau chef d'Etat s'est attiré les foudres de l'ancienne administration pour s'être laissé photographier en bras de chemise dans le Bureau ovale, une tenue qui n'aurait guère été permise du temps de George W. Bush.

«Il devrait y avoir une tenue de rigueur par respect pour les lieux», a tonné dans la presse l'ancien chef de cabinet de l'ex-président, Andrew Card. «Je préférerais qu'il porte un costume et une cravate».

La réponse de la nouvelle administration ne s'est pas fait attendre. «Nous sommes en bras de chemise parce que nous devons retrousser nos manches pour nettoyer le chaos dont nous avons hérité», a rétorqué le principal conseiller du président, David Axelrod, dans le Washington Post.

«Le style décontracté d'Obama contraste fortement avec celui du président Bush», observe le politologue Julian Zelizer, de l'Université de Princeton. «Il donne une apparence plus décontractée mais il a tendance à travailler 24 heures sur 24 et sept jours sur sept».

La journée présidentielle démarre avec le traditionnel exposé quotidien des services de renseignements, que Barack Obama reçoit après 09H00, nettement plus tard que ne le faisait son prédécesseur. Le nouveau président y a ajouté un point quotidien consacré à l'économie.

Signe du changement d'heure à Washington, il reste des places pour se garer à la Maison Blanche jusqu'en milieu de matinée, alors que le parc de stationnement était plein bien avant l'aube sous l'ancien régime...

A la différence de M. Bush, M. Obama se couche en revanche beaucoup plus tard que l'ex-président, connu pour être au lit à 21H30. Selon les calculs de la chaîne de télévision CBS News, l'ancien président ne lésinait d'ailleurs pas sur les vacances, passant au total, sur ses huit années de présidence, 490 jours dans son ranch de Crawford au Texas et 487 dans la retraite présidentielle de Camp David, non loin de Washington.

Barack Obama est tout aussi désireux d'échapper à la «bulle» de la Maison Blanche, mais il devrait effectuer un voyage par semaine dans l'Amérique profonde et se rendre davantage à la rencontre de dirigeants étrangers.

«Il est du genre agité», a commenté son porte-parole Robert Gibbs. «Pour lui, une folle journée, c'est marcher tout seul dans la nature».

Pour illustrer le manque de décontraction de l'ère Bush, la légende colporte que l'ancien président aurait laissé à la porte son secrétaire d'Etat Colin Powell un jour où ce dernier était arrivé en retard.

«Bush était plus formel et moins ouvert. Il critiquait le personnel qui entrait dans le Bureau ovale sans veste ni cravate. Cela l'a isolé des gens et a fini par créer un grand vide entre lui et les électeurs», observe le politologue Darrell West, de la Brookings Institution.

Les bras de chemise du nouveau pensionnaire de la Maison Blanche seraient en revanche un signe adressé aux Américains.

«Le style du président Obama est plus ouvert et accessible que ce que nous avons vu sous l'administration précédente. Cela devrait l'aider en période de difficulté économique», analyse-t-il. «Les gens veulent un dirigeant auquel ils peuvent s'identifier, avec l'idée qu'il comprend leurs problèmes».