La crise économique qui frappe les États-Unis sera longue et pénible, mais l'inaction de Washington pourrait rendre les choses plus catastrophiques encore.

C'est ce qu'a martelé, hier soir, le président Barack Obama lors de sa première conférence de presse, diffusée à heure de grande écoute sur les réseaux de télévision américains.

 

«Seul le gouvernement peut briser le cercle vicieux dans lequel les pertes d'emplois conduisent les gens à dépenser moins d'argent, ce qui aboutit à de nouveaux licenciements», a dit Obama.

Le président a estimé que si le gouvernement ne parvenait pas à agir, l'économie américaine risquait de tomber dans une «spirale négative» qui prolongerait la récession actuelle.

«Ce n'est pas une récession ordinaire, comme nous avons pu en connaître. Nous traversons la plus grave crise économique depuis la dépression des années 30», a-t-il ajouté, citant au passage la «décennie perdue» par le Japon dans les années 90 comme exemple de ce qui peut se produire lorsqu'une économie ne parvient pas à se relancer.

Et les réductions d'impôts ne peuvent résoudre les problèmes financiers, en particulier lorsqu'elles ciblent les riches, a ajouté Barack Obama, une critique des solutions préconisées par les républicains au Congrès.

«Nous avons perdu 3,6 millions d'emplois. Mais ce qui est peut-être encore plus préoccupant, c'est que la moitié de ces pertes d'emplois se sont produites au cours des trois derniers mois, ce qui signifie que le problème s'accélère au lieu de se résoudre.»

Le président a pris la parole quelques minutes à peine après un vote du Sénat, qui a approuvé par une majorité de 61 contre 36 une entente de principe sur le plan de relance de 838 milliards proposé par la Maison-Blanche. Un vote final sur la proposition devrait avoir lieu avant la fin de la semaine.

La journée d'hier avait des allures de campagne électorale pour Barack Obama. En matinée, le président s'est rendu dans la petite ville d'Elkhart, en Indiana, pour y tenir une rencontre publique afin de «vendre» son plan de relance.

«Aujourd'hui, je peux vous dire avec une certitude complète que les délais sans fin, ou la paralysie de Washington face à la crise, ne feront qu'empirer l'ampleur du désastre», a dit Obama aux 1700 personnes qui s'étaient déplacées pour l'entendre.

Le président critiqué

Le plan de relance proposé par la Maison-Blanche a reçu un accueil mitigé dans la population. Un sondage de CNN dévoilé hier montre que 54% des citoyens appuient le plan, alors que 45% s'y opposent.

Chez les chroniqueurs, l'appui au plan reste partagé. L'un de ceux qui suivent le dossier avec le plus de ténacité est l'économiste et chroniqueur au New York Times, Paul Krugman. Hier, M. Krugman a eu des propos incendiaires à l'endroit des républicains «centristes», qui ont exigé des coupes dans le plan d'Obama en échange de leur vote.

«Le programme original de 800 milliards n'était pas assez gros pour changer la donne et relancer l'économie, écrit Krugman. Or, les centristes ont fait de leur mieux pour s'assurer que le programme devienne plus faible et moins efficace.» «Pourquoi c'est arrivé? C'est la faute du président Obama, qui cherche à présenter un programme post-partisan qui fait plaisir à tout le monde. C'était sa meilleure chance d'obtenir une action réellement efficace et il l'a ratée», conclut le chroniqueur.