Le président américain Barack Obama a déjà entamé il y a plusieurs mois le dialogue avec l'Iran et la Syrie à un niveau élevé, mais très discrètement, par le biais d'experts de son équipe de transition, selon les organisations ayant supervisé ces contacts.

Un haut responsable de l'administration américaine, a toutefois affirmé dimanche sous le couvert de l'anonymat que ces informations étaient «inexactes», refusant d'élaborer.

Officiellement, les ouvertures de M. Obama vers Téhéran et Damas sont restées limitées depuis son arrivée à la Maison Blanche: il s'est dit prêt à «tendre la main» à l'Iran à condition que Téhéran «desserre le poing», tandis que sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton prévenait que le volet israélo-syrien du processus de paix n'avait pas la priorité.

«Le président a dit clairement à l'équipe de transition qu'il n'y aurait pas de contacts avec des responsables de gouvernements étrangers pendant la transition», a rappelé dimanche un porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC) Mike Hammer.

Mais officieusement, et sans même attendre son élection, M. Obama a largement utilisé ce que les spécialistes appellent la «deuxième voie» pour approcher les deux bêtes noires des Etats-Unis au Proche-Orient.

Des experts en prolifération nucléaire ont eu des contacts «à très haut niveau» ces derniers mois avec des dirigeants iraniens, a indiqué à l'AFP Jeffrey Boutwell, directeur pour les Etats-Unis du groupe Pugwash, une organisation internationale de chercheurs qui a obtenu le prix Nobel de la Paix en 1995.

L'ex-secrétaire à la Défense William Perry, qui figurait dans l'équipe de campagne de M. Obama, a participé à certaines de ces rencontres consacrées à «un vaste éventail de problèmes qui divisent l'Iran et l'Occident: non seulement le programme nucléaire (iranien) mais également le processus de paix au Proche-Orient ou les questions liées aux Golfe», a déclaré M. Boutwell.

Le responsable de Pugwash a refusé de préciser les identités des autres participants, se bornant à indiquer qu'il s'agissait de «personnalités de très très haut rang».

Selon le blog «The Cable» de la revue spécialisée Foreign Policy, le représentant permanent de l'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, figurait parmi les participants aux «Dialogues Pugwash».

Parallèlement, un groupe d'experts chapeautés par l'United States Institute of Peace (USIP), comprenant Ellen Laipson, ancienne conseillère de la Maison Blanche sous Bill Clinton et membre de l'équipe de transition de M. Obama, a annoncé jeudi avoir été reçu par le président syrien Bachar al-Assad.

«Il a dit que nous avons 70% d'intérêts communs potentiels et 30% qui ne le sont pas» dans la région, a indiqué Bruce Jentleson, ancien conseiller en désarmement de l'ex-vice-président Al Gore, au cours d'une conférence de presse à l'USIP. «Et il a dit: travaillons sur les 70% en attendant de régler les 30%».

Le président syrien a lui-même révélé lundi que le dialogue avait «déjà commencé il y a quelques semaines d'une manière sérieuse». «Des personnalités proches de l'administration ont été dépêchées pour parler avec la Syrie», a-t-il précisé.

Les Etats-Unis accusent la Syrie de soutenir des organisations «terroristes» comme le Hezbollah et le Hamas, de déstabiliser le Liban et de laisser transiter par son territoire des éléments armés pour combattre en Irak.