Une alerte a été lancée en Alaska en raison de signes avant-coureurs de l'éruption d'un volcan situé non loin de la grande ville d'Anchorage, ont indiqué vendredi les autorités.

Le volcan Redoubt, une montagne culminant à 3 108 m dans une zone peu peuplée à 150 km au sud-ouest de la ville de 280 000 habitants, a montré une activité sismique supérieure à la normale ces cinq derniers jours. Sa dernière éruption remonte à 1989-1990.

Après avoir noté une nette augmentation de la fréquence des séismes vendredi matin, l'observatoire des volcans de l'Alaska (AVO) a indiqué à 14h35 qu'un vol de surveillance du volcan pendant l'heure passée avait observé «une importante émission de vapeur», mais «pas d'émissions de cendres».

Cette vapeur, alors que le sommet du mont Redoubt est recouvert d'une épaisse couche de neige, provient «d'une nouvelle dépression due à la fonte, au bord du cratère», selon la même source.

Les équipes de l'AVO ont indiqué qu'elles «surveillent le volcan 24 heures sur 24», mais qu'il n'était «pas encore» entré en éruption en début d'après-midi.

«Ce qui va sans doute se produire, c'est une éruption similaire à celle que nous avons vue en 1989-1990. Cela fait 18 heures à peu près que nous avons observé de longues périodes de séismes volcaniques», a déclaré vendredi après-midi un vulcanologue de l'AVO, Dave Schneider.

Etant donné l'isolement du volcan, le risque immédiat à la population est considéré comme faible, a-t-il indiqué à l'AFP. «Il y a des villages de l'autre côté de la baie (...) à 60 km de là. Mais ils sont séparés (du volcan) par l'océan. Il n'y a personne qui vive vraiment à proximité», a ajouté le scientifique.

Le volcan est placé en alerte aérienne «orange» en raison du danger qu'une éruption pourrait faire courir aux avions volant dans la zone.

En 1989, lors de la précédente éruption du Redoubt, un Boeing 747 de la compagnie néerlandaise KLM avait vu ses quatre moteurs étouffés en traversant le nuage de cendres. Le pilote avait réussi à rallumer les moteurs et à sauver ses 231 passagers avant d'atterrir à Anchorage.

Une éruption du volcan pourrait projeter des cendres à plus de 10 km d'altitude et des centaines de kilomètres de distance, mais la direction que prendrait cette nuée, et la menace éventuelle encourue par Anchorage, dépend du vent. En 1989, l'éruption du Redoubt, l'un des 44 volcans actifs recensés en Alaska, avait duré cinq mois.

«Comme la plupart des éruptions en Alaska, le plus grand danger provient des cendres volcaniques en suspension dans l'air, qui sont de petits morceaux de roche et de verre», a expliqué M. Schneider.

Selon lui, «c'est dangereux pour deux raisons: les avions en vol, et une chute de cendres (sur des zones habitées), qui est sans doute davantage une nuisance qu'un danger» dans ce cas précis.

Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'autorité fédérale de l'aviation civile (FAA), Mike Fergus, a confirmé qu'une «mise en garde» avait été adressée aux aviateurs dans la zone au dessus du volcan, mais qu'un «avis d'événement météorologique important» (Sigmet), de nature à dérouter les avions, ne serait publié que si le volcan libérait un panache de cendres.

La dernière éruption d'un volcan dans la baie Cook, au fond de laquelle se trouve Anchorage, remonte au 11 janvier 2006. L'éruption du volcan Augustine, sur une île isolée de la baie, n'avait fait ni dégâts ni victime.

L'intérêt du public pour une possible éruption du Redoubt est si vif que le site internet de l'AVO a cessé de fonctionner vendredi matin, submergé par le nombre de demandes de connections. Une version allégée a rapidement été mise en ligne.