»Ecole élémentaire Barack Obama, bonjour...». L'école publique Ludlum d'Hempstead dans l'Etat de New York n'a même pas attendu que le premier président noir des Etats-Unis prenne ses fonctions pour devenir la première école du pays à porter son nom.

«Ce sont les enfants qui l'ont voulu. En adoptant le nom du président, nous voulions conserver ce grand espoir qu'il a fait naître: pouvoir changer sa communauté, son pays, rendre le monde meilleur», s'enflamme Jean Bligen, la principale.

Des écoles mais aussi des rues commencent à être rebaptisées du nom de Barack Obama aux Etats-Unis, un phénomène unique pour un président en exercice, suscité par une vague d'optimisme et des attentes considérables.

«C'est tout à fait inhabituel», note Robert Thompson qui enseigne la culture populaire à l'université de Syracuse, dans l'Etat de New York (nord-est). «D'ordinaire, ce genre de choses arrive quand le président a quitté ses fonctions ou qu'il est mort», ajoute cet expert qui voit dans ce mouvement «un acte hautement politique, reflétant la victoire du premier président noir».

La plupart des collectivités ont des règles évitant pourtant de baptiser un monument ou une rue du nom d'une personne encore en vie pour s'épargner des conflits, explique Stuart Mack, du centre de formation pour municipalités «Center for Governement Services» de l'université Rutgers (New Jersey, nord-est).

A Opa-Locka, une banlieue de Miami (Floride, sud-est), il existe déjà une avenue «Honorable Barack Obama». Elle sera officiellement inaugurée le 16 février.

Dorothy Johnson, conseillère municipale, a fait passer la mesure: «nous sommes fiers de ce qu'a accompli le 44e président et nous voulons en laisser une trace pour la prochaine génération», explique-t-elle à l'AFP. «Nous sommes la première ville du pays à consacrer un site à notre président», assure-t-elle ajoutant qu'Opa-Locka, à 70% noire, a été aussi la première ville à observer une journée à la mémoire de Martin Luther King.

Saint-Louis, dans le Missouri (centre), a fait de même et à Hollywood en Floride, Thomas et Theresa Smith sont partis en croisade pour obtenir qu'une des principales artères de leur ville soit nommée «boulevard Barack Obama».

«Nous voulons montrer à nos enfants (...) qu'avec l'éducation on arrive à tout», plaide Thomas, 55 ans, ancien lieutenant de l'armée de l'air qui, avec son épouse, arpente Hollywood pour recueillir 10.000 signatures en faveur du changement de nom.

A l'école élémentaire d'Hempstead, où la nouvelle enseigne sera dévoilée mercredi, tout est parti d'un exercice au cours duquel les élèves s'affrontaient dans un débat à la façon des candidats.

«Je ne suis pas sûr qu'adopter le nom d'un président en exercice pour une école soit une très bonne idée. Cela implique que l'institution scolaire soutient ce leader politique», objecte le professeur Thompson.

Mais, selon lui, la victoire de Barack Obama est «un événement vraiment singulier dans l'histoire américaine: nous assistons à une période délicieusement optimiste où vous avez un espoir d'utopie».

Rares sont les personnalités en exercice à partager ce privilège. Un aéroport porte le nom de George Bush père à Houston (Texas).

Mais seuls deux poètes, Carl Sandburg, inspiré par Chicago, et la poétesse noire Gwendolyn Brooks ont eu droit à des écoles à leur nom de leur vivant.

Les noms les plus répandus sur les avenues américaines sont ceux de Kennedy, Roosevelt, Washington et celui du leader des droits civiques, Martin Luther King.