Les VUS polluants et les grosses voitures énergivores pourraient rapidement devenir choses du passé aux États-Unis.

Hier, le président Barack Obama a signalé son intention de durcir les règles environnementales imposées aux fabricants automobiles - une décision qui affectera les modèles produits dès 2011.

«L'Amérique ne sera pas l'otage de la diminution des ressources, de régimes hostiles et du réchauffement de la planète, a déclaré M. Obama, qui avait promis de faire ces changements durant sa campagne. Nous n'allons pas rester à ne rien faire sous prétexte qu'agir est difficile. C'est le moment de faire des choix difficiles.»

 

Cette position constitue un changement de cap de 180 degrés par rapport aux décisions de George W. Bush. Ce dernier avait interdit l'an dernier à la Californie d'imposer des règles contraignantes aux fabricants automobiles, une décision qui avait été perçue comme une victoire pour Detroit.

«Année après année, décennie après décennie, nous avons choisi l'inaction et les délais, a dit le président Obama. L'idéologie a eu le dessus sur la science. Les intérêts privés ont eu le dessus sur la logique. La rhétorique n'a pas mené au travail difficile pour produire du changement.»

Obama a d'ailleurs envoyé des flèches à son prédécesseur, hier. «Le gouvernement fédéral doit travailler avec, et non pas contre, les États qui veulent réduire leurs émissions», a-t-il dit.

Le gouverneur de l'État de la Californie, Arnold Schwarzenegger, a qualifié d'historique la décision d'Obama. Cette décision est perçue comme une défaite pour les trois grands fabricants automobiles américains, Ford, GM et Chrysler.

Au fil des ans, les constructeurs automobiles américains ont dépensé des millions de dollars pour convaincre les décideurs à Washington de ne pas imposer de limites strictes sur la pollution automobile.

Des menaces

Pour Rebecca Lindland, analyste automobile à la firme IHS Global Insight, les normes plus strictes se traduiront par une augmentation des prix des véhicules neufs. «Les consommateurs verront une hausse dans les prix, de 2000$ à 10 000$», a-t-elle dit.

Plusieurs républicains ont dénoncé la mesure, hier, dont George Voinovich, représentant de l'Ohio. «Je crains que la décision prise aujourd'hui ne joue encore en défaveur de l'industrie automobile américaine. Le gouvernement fédéral ne devrait pas aggraver les problèmes d'une industrie déjà en mauvaise posture.»

GM, le plus grand fabricant américain, a dit hier, par communiqué, être en mesure «d'en arriver à une entente avec le président et le Congrès, afin d'établir une mesure viable qui sera bénéfique pour les consommateurs».

Une victoire

Hier, les groupes environnementaux ont applaudi la décision du nouveau président. Pour Roland Hwang, analyste pour le groupe Natural Resources Defense Council, la décision d'Obama sera salutaire pour la survie à long terme de Detroit.

«Sans les normes imposées par la Californie, sans les normes imposées par Washington, il y a un danger réel de voir les constructeurs recommencer à produire des véhicules énergivores et polluants.»

M. Hwang estime qu'un véhicule moins énergivore pourra faire économiser de 1000$ à 2000$ à son propriétaire au fil des ans, ce qui couvrirait une partie de la hausse du prix d'achat.

Dans les faits, le président a signé hier une déclaration intimant l'Agence de protection de l'environnement (EPA) à revoir une demande faite par l'État de la Californie, qui cherche à établir des règles plus strictes sur la pollution automobile.

Le projet de loi californien obligerait les constructeurs à réduire les émissions de leur véhicule du tiers d'ici 2016. Cela fixerait la norme de consommation d'essence à 6,6 L au 100 kilomètres.

Le président Obama a dit que son administration entendait voir les premiers changements dans la consommation de carburant dans les modèles 2011.

L'administration Bush voulait mettre de l'avant une loi fixant une norme moins contraignante, devant être atteinte quatre ans plus tard, soit en 2020.

État le plus riche et le plus peuplé, la Californie constitue le principal marché des véhicules neufs aux États-Unis.

Tout changement aux normes imposées par l'État affecte la configuration des véhicules vendus partout en Amérique du Nord.