Vu sa popularité, la plupart des commentateurs croient que le président Barack Obama gardera la confiance des Américains en cas de mauvaises nouvelles au plan économique ou sur la plupart des autres fronts. Mais une nouvelle attaque de terroristes islamistes en sol américain pourrait ébranler sa présidence.

«Quoi qu'on dise à propos du président Bush, il n'y a pas eu d'autres attaques depuis le 11 septembre 2001», explique Gil Troy, spécialiste de la politique américaine à l'Université McGill. «Si Al-Qaeda ou un de ses alliés frappe durant la présidence d'Obama, cela pourrait réduire à néant les prétentions des démocrates de pouvoir protéger les États-Unis. Barack Obama l'a très bien compris.»

 

Même si Obama a désavoué plusieurs initiatives prises par Bush dans le cadre de sa guerre contre le terrorisme, et que le Washington Post a évoqué la fin de la «guerre contre la terreur», il faut se rappeler qu'il a affirmé dans son discours de mardi que les États-Unis «sont en guerre». «Ça peut surprendre, parce que ça rappelle l'expression si controversée de la présidence Bush, la guerre contre le terrorisme. Mais Obama sait qu'il n'a aucune marge de manoeuvre sur ce point. Ses projets ambitieux ne pourront se réaliser s'il y a une autre attaque et qu'il perd la confiance des Américains.» Le président Bush l'a bien compris, qui a mis l'accent sur le fait qu'il n'y avait eu aucune attaque depuis 2001 dans son dernier discours.

Ce passage du discours d'Obama a ravi les commentateurs de droite. «Je ne pensais jamais que j'en viendrais à défendre Obama», indique Brian Darling, du groupe de réflexion de droite Heritage Foundation. «Mais apparemment, dire une évidence, que les États-Unis sont en guerre contre les terroristes, n'a pas été accepté dans plusieurs milieux de gauche qui refusent de voir la réalité en face.»

Vietnam

M. Darling et M. Troy notent aussi que M. Obama a abordé la guerre du Vietnam lorsqu'il a évoqué la bataille de Khe Sanh, en 1968, dans la même phrase que la bataille de Concord (durant la Révolution), celle de Gettysburg (durant la guerre de Sécession), et le débarquement de Normandie en 1944. «Ce n'est pas nécessairement une réhabilitation morale de la guerre du Vietnam, dit M. Darling. Mais c'est au moins un hommage aux soldats qui y ont combattu.»

M. Troy ajoute qu'Obama veut avant tout tirer un trait sur les débats concernant la moralité de la guerre du Vietnam. «Je pense qu'il s'estime chanceux à chaque jour qui passe sans qu'on lui demande si la guerre du Vietnam était justifiée, dit M. Troy. Il veut que l'Amérique laisse derrière elle les débats des années 60 et 70.»

Sur le site armchairgeneral.com, fréquenté par des militaires, un soldat a écrit que la mention du Vietnam lui avait donné des frissons. «Je n'ai jamais entendu un républicain mentionner Khe Sanh dans la même phrase que Concord, Gettysburg et la Normandie.»