L'ère Hillary Clinton en diplomatie américaine vient officiellement de commencer. L'ancienne rivale de Barack Obama a été chaleureusement accueillie hier au département d'État à Washington. Elle a promis «une nouvelle ère pour l'Amérique». Peu après son arrivée, elle a annoncé qu'elle s'entourait de deux diplomates chevronnés. George Mitchell, connu pour son rôle dans les pourparlers de paix en Irlande du Nord, sera son émissaire pour le Moyen-Orient. Et Richard Holbrooke, associé à l'accord de paix en ex-Yougoslavie, devient émissaire pour l'Afghanistan et le Pakistan. Quelles sont les chances de succès de Clinton et de son équipe? Pour le savoir, La Presse a interrogé le président de l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand, Louis Balthazar.

Q Hillary Clinton succède à Condoleezza Rice au département d'État. Quelles seront les différences les plus marquées entre les deux?

 

R La première différence la plus marquée, c'est leurs patrons, évidemment. Rice a cru à la diplomatie durant le second mandat de George W. Bush. Mais elle était dans un contexte qui lui donnait beaucoup moins de liberté que n'en aura Clinton. Elle était étouffée par Dick Cheney et George W. Bush. Clinton est peut-être moins portée sur la diplomatie. Beaucoup de personnes à Washington jugent qu'elle aurait été, comme présidente, plus encline à utiliser l'instrument militaire que son mari, Bill. Mais elle est poussée à la diplomatie. Et elle aura probablement plus de succès en diplomatie que Rice. Car il y a plus de volonté de la part d'Obama d'aller de l'avant.

Q Mais on se demande encore si Clinton et Obama seront capables de bien travailler ensemble...

R Ça a fonctionné depuis deux mois. En dépit de la façon dont on dépeint madame Clinton - certains la qualifient même de faucon par rapport à Obama -, elle a eu des propos qui sont de bon augure. Laissons-lui le bénéfice du doute. Jusqu'à maintenant, donc, ça a marché. Mais il est fort possible qu'il y ait des désaccords.

Q Hier, Hillary Clinton a téléphoné au président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. À quoi faut-il s'attendre de Clinton dans le dossier du Proche-Orient?

R Il y a la question du Hamas. Celle de la légitimité et de l'autorité d'Abbas. Celle des élections israéliennes qui approchent et le fait que les États-Unis pourraient faire face à un gouvernement très à droite dirigé par Benyamin Nétanyahou. Il faut donc s'attendre à une diplomatie des petits pas. C'est intéressant qu'ils aient déjà nommé un émissaire, même s'il n'y a pas d'espoir de progrès significatifs rapides. Ça veut dire qu'ils sont disposés à écouter et à comprendre.