Emus, solennels et enthousiastes, plusieurs milliers de spectateurs installés sur des gradins privilégiés dressés en face de la Maison Blanche attendent depuis l'aube et dans un froid mordant l'arrivée du président Barack Obama dans sa nouvelle résidence.

S'ils ne voient rien de la cérémonie de prestation de serment qui vient de s'achever à l'autre bout du Mall, au pied du Capitole, ils ont le sentiment de faire partie de l'histoire.

«On est assis en face de la tribune de Barack Obama, notre président. Que peut-on demander de plus?», se réjouit Margaret Owens-Collins, une Afro-Américaine de 60 ans, venue du Delaware (est).

Barack Obama doit assister mardi après-midi à un défilé «présidentiel» depuis une tribune spéciale avec vitres pare-balles, édifiée juste devant la Maison Blanche.

Des hauts-parleurs diffusent la prestation de serment pendant laquelle tous les spectateurs se lèvent et exultent: «Obama, Obama».

«Tout le monde est de bonne humeur, tout le monde est patient, dans un bon état d'esprit. C'est une foule immense et tout le monde veut faire partie de l'histoire», commente Margaret.

Laurie Weber, 52 ans, venue tôt du Maryland voisin avec son fils, a assisté à plusieurs investitures présidentielles mais n'a jamais «rien vu de pareil, en termes de nombre et d'enthousiasme», dit-elle.

Howard Fisher, 61 ans, a obtenu miraculeusement six tickets pour assister à la parade, sur les gradins, avec ses enfants. Bénévole la veille pour nettoyer les grandes artères de la capitale avant le défilé, il a trouvé deux tickets.

Honnête, il est allé les rendre aux organisateurs qui lui en ont offert quatre autres: «vous vous rendez compte, c'est cela l'esprit du changement», lance ce professeur retraité qui voit dans l'élection du premier président noir américain, «l'avènement d'une nouvelle ère, un nouveau commencement».

«J'ai été très déprimé depuis huit ans. Maintenant, nous avons quelqu'un à la Maison Blanche qui a un cerveau», s'exclame-t-il.

Donesta Ley, une Noire de 59 ans, qui a obtenu ces places privilégiées face à la Maison Blanche après avoir participé à la campagne de M. Obama en Floride, est très émue: «J'attends qu'il tienne ses promesses, mais il ne peut le faire qu'avec mon aide, notre aide», déclare-t-elle.

«C'est une occasion historique, une pierre blanche dans l'histoire des relations raciales de ce pays», ajoute Fred Phillips, un psychologue noir de 62 ans, venu avec son épouse.

«Les espoirs de mes ancêtres, leurs efforts et leurs prières ont été récompensés», conclut, solennel, cet habitant de Washington.

En dehors de ces privilégiés assis sur les gradins, plus de deux millions personnes s'étaient rassemblées mardi sur le Mall, l'immense esplanade au coeur de Washington, pour assister à l'investiture du premier président noir des Etats-Unis, acclamé par une foule enthousiaste qui avait convergé vers le Capitole, avant même le lever du jour, malgré le froid (-13° en plein vent).