George W. Bush a définitivement quitté la Maison-Blanche et est rentré dans son cher Texas mardi après avoir entendu son successeur Barack Obama prêter serment et appeler à «rebâtir l'Amérique» qu'il lui laissait.

L'ère Bush s'est achevée officiellement le 20 janvier 2009 à 12h00. À ce moment-là, M. Bush n'était déjà plus que l'un des spectateurs de l'histoire en marche au Capitole, où M. Obama s'apprêtait à jurer solennellement, sur la bible ayant appartenu à son modèle Abraham Lincoln, de défendre la Constitution.

Selon un rituel politique américain, M. Bush avait accueilli M. Obama plus tôt à la Maison-Blanche. Vers 10h45, ils étaient montés dans la même limousine noire blindée et immatriculée 1, pour prendre la direction du Capitole.

Le vice-président, Dick Cheney, l'air sombre, était sorti avant eux poussé sur une chaise roulante parce qu'il s'était froissé un muscle du dos la veille en bougeant des cartons de déménagement.

Avec le départ de M. Bush de la Maison-Blanche se concrétisait déjà la fin d'une présidence de huit années marquées par la guerre et les épreuves, et achevées dans la pire crise économique depuis longtemps.

La boucle a été bouclée après la prestation de serment quand, par symétrie républicaine, c'est M. Obama qui a accompagné les Bush à l'hélicoptère attendant devant le Capitole.

L'appareil a emmené les Bush à la base militaire d'Andrews, dans la banlieue de Washington.

Là, M. Bush devait faire ses adieux émus à des dizaines de collaborateurs, puis s'embarquer dans un 747 piloté par l'US Air Force et rentrer au Texas, la «terre promise» selon lui, l'État où il a une partie de sa famille, un ranch à Crawford et, depuis peu, une maison à Dallas.

L'avion n'était plus le mythique Air Force One, appellation utilisée seulement quand le président en exercice se trouve à bord.

Auparavant, M. Bush aura été au premier rang de la marée humaine au Capitole pour entendre M. Obama préparer les Américains aux difficultés qui les attendent et les appeler à «se relever, à se secouer» et à recommencer à «rebâtir l'Amérique».

L'Amérique que M. Bush a laissée à M. Obama est en proie à deux guerres inachevées en Irak et en Afghanistan et à ce qui passe pour la plus grave récession depuis des décennies.

Au cours des derniers mois, M. Bush s'est employé à convaincre qu'il avait été confronté à des circonstances extraordinaires. Il a fait valoir que la crise économique couvait depuis avant sa présidence.

Au cours de cette période, après avoir rallié derrière lui le pays traumatisé par les attentats du 11 septembre, il est passé des sommets de la popularité aux abîmes de l'impopularité.

M. Bush a mis un point d'honneur à ce que cette période de transition considérée comme peut-être la plus délicate depuis Abraham Lincoln se passe le plus en douceur possible pour M. Obama, qui l'en a remercié dans son discours.

M. Obama devait prendre dans l'après-midi ses quartiers de nouvel occupant de la Maison-Blanche pour au moins quatre ans.

Il devait trouver un petit mot de M. Bush dans le Bureau ovale.

M. Bush a sacrifié à un rituel présidentiel en laissant ce message dans le tiroir du haut du fameux bureau «Resolute», comme M. Clinton l'avait fait pour lui, comme le père de M. Bush, George H. W. Bush, l'avait fait pour M. Clinton, et comme Ronald Reagan l'avait fait pour Bush père.

Selon la porte-parole de M. Bush Dana Perino, le propos de ce mot est similaire à celui tenu par M. Bush depuis l'élection historique de M. Obama, à savoir qu'un «nouveau et fabuleux chapitre» s'ouvre pour M. Obama et qu'il lui présente «ses meilleurs voeux de réussite».

Parmi ses derniers actes de président, M. Bush a posé sur le front de Mme Perino un gros baiser que, dit-elle, elle «n'oubliera jamais».