Une page marquante de l'histoire des États-Unis a été écrite ce midi. Barack Obama a été assermenté président des États-Unis. L'air serein et résolu, il a prêté serment devant la Bible utilisée en mars 1861 par Abraham Lincoln.

Une marée humaine s'étirait sur des centaines et des centaines de mètres alors qu'il a pris place au devant de la scène pour prononcer son discours d'acceptation. Quelques minutes plus tôt, le pasteur-vedette Rick Warren avait prononcé un Notre père et un discours. «Nous célébrons une époque charnière de l'histoire avec l'inauguration du premier président afro-américain des États-Unis. Nous sommes si reconnaissants de vivre en ce pays de possibilités inégalées, où le fils d'un immigrant afro-américain peut s'élever au rang de commandant.» Son prêche était suivi de performances musicales d'Aretha Franklin et d'une oeuvre de John Williams.

La cérémonie d'ouverture a débuté dans une ambiance on ne peut plus différente à celle de son prédécesseur, George W. Bush. En janvier 2005, des manifestants s'agitaient devant la limousine qui conduisait George W. Bush de la Maison-Blanche au Capitole. Cette fois, ce sont des cris stridents et des «Obama!» qui ont accompagné le même chemin parcouru par le nouveau président. L'hystérie est indéniable. À CNN, des analystes commentent en direct l'habillement de deux fillettes de Barack Obama.

Atlas et le poids de l'histoire

Barack Obama a quelque chose d'Atlas aujourd'hui. L'homme de 47 ans s'apprête à accepter un poids inimaginable, celui d'un pays en crise, celui des impossibles espoirs d'une nation et celui de la responsabilité de l'histoire.

Cette responsabilité, à la fois la sienne et celle de chaque citoyen américain, il en fera un thème central de son discours d'assermentation, selon ce que rapporte le New York Times.  Il rappellera aussi les défis déjà surmontés par les États-Unis, afin de mieux affirmer la capacité du pays à surmonter les défis qui l'attendent. 

D'après les dernières estimations, environ deux millions de personnes se massent présentement devant les marches du Capitole pour vivre l'histoire en direct. Ce sera encore plus que les 1,2 millions d'Américains présents pour l'assermentation de Lyndon B. Johnson en 1965. Et ce sera sûrement l'assermentation la plus émotionnellement chargée depuis la première de Johnson, en 1963 à bord d'Air Force One.

Une sécurité exceptionnelle

Tous les moyens ont été pris pour assurer la sécurité du nouveau président. Pas moins de 8000 policiers de Washington et d'ailleurs, 5000 soldats et des milliers de membres de la Garde Nationale surveillent la capitale américaine. En tant que National Special Security Event, l'opération est chapeautée par les services secrets.

À CNN, une journaliste rappelait ce matin que le gouvernement peut brouiller les communications sans-fil pour éviter que des terroristes ne déclenchent une bombe à distance, avant d'assurer peu après que si son BlackBerry ne fonctionne plus depuis ce matin, c'est à cause d'un surchargement des réseaux.

Marée humaine

Une impressionnante marée humaine assiste à l'événement. Parmi les images touchantes, celle de Muhammed Ali, ou du moins ce qu'il en reste. L'ancien champion du monde n'a plus rien d'un papillon ou d'une abeille. Tremblotant, il prenait place plus tôt ce matin dans les estrades pour assister à un événement qui semblait pratiquement impossible il y a seulement 40 ans.

Recueillement à Chicago

À Chicago, les gens pouvaient regarder la cérémonie dehors, sous la neige, sur deux grands écrans placés par le Chicago Tribune, ce qui a donné lieu à un moment de recueillement commun.Ou alors, ils regardaient le tout dans les cafés, restos, etc. ensemble, et là c'était la fête.

Chez Valois, le diner de Hyde Park où Barack Obama aimait bien aller, l'atmosphère était électrique. On a vu les gens se lever et scander le nom «Obama» quand il est arrivé à l'écran, puis tomber dans le silence le plus total quand il a prêté serment et durant son discours. Beaucoup de gens, de toutes races, avaient les larmes aux yeux. «En le voyant, notre président, j'ai eu l'impression d'être libérée d'une douleur énorme, la mienne et celle de mes ancêtres», a déclaré Vel Johnson.

Avec Marie-Claude Lortie