Une fois en fonction, le nouveau président des Etats-Unis Barack Obama pourrait demander un réexamen du coût et de l'efficacité du projet de déployer en Europe le bouclier antimissile américain, a estimé lundi à Bruxelles un haut responsable américain.

«Je ne serais pas du tout étonné qu'une nouvelle administration veuille passer» le projet «en revue» pour y voir clair sur un certain nombre de questions comme: «Quel est l'état d'avancement du programme? Quel est son niveau de développement technologique? Combien ça coûte? Où en sont nos relations sur ce point avec nos alliés?», a déclaré ce responsable à l'AFP.

Après un an et demi de négociations avec les Etats-Unis, la Pologne a donné cet été son accord à l'installation chez elle à l'horizon 2014 de 10 missiles intercepteurs.

Ces engins seront couplés à un puissant radar que la République tchèque s'est dite prête de son côté à accueillir, mais que l'assemblée nationale tchèque doit encore entériner.

Durant la campagne des présidentielles, Barack Obama avait indiqué qu'il soutiendrait le bouclier antimissile promu par le président sortant George W. Bush, s'il s'avérait «technologiquement adapté» et «financièrement supportable», a rappelé ce même responsable.

En novembre, le conseiller de M. Obama pour la politique étrangère Dennis McDonough avait indiqué que le président élu n'avait pris «aucun engagement» définitif sur ce programme, auquel la Russie est vivement opposée.

«A ce stade», a souligné le responsable américain à la veille de l'entrée en fonction de M. Obama, «rien ne permet de dire qu'il y ait désaccord politique sur la défense antimissile ou volonté de l'abandonner».

Washington assure que son bouclier antimissile vise des pays voyous comme la Corée du nord et l'Iran, susceptibles de se doter d'un modeste arsenal de fusées à tête nucléaire, et en aucun cas l'énorme force de frappe russe, qu'il serait par ailleurs bien incapable de contrer.

Moscou considère néanmoins que l'installation de ce bouclier au coeur de l'Europe ne ferait que compléter un système de détection et d'interception balistique planétaire américain, qui ceinture son propre territoire.

Le dispositif en Europe centrale formerait le troisième pilier du bouclier antimissile, dont des éléments existent déjà aux Etats-Unis, avec des systèmes d'alerte au Groenland et en Grande-Bretagne.

Endossé par l'Otan, qui voudrait le compléter, ce projet a été dénoncé par la Russie, qui y voit une menace directe contre ses intérêts stratégiques.

En décembre, un négociateur américain du contrôle des armements, John Rood, a affirmé que la Russie avait durci le ton contre le projet de bouclier, pour apparemment «tester la détermination» de M. Obama.

Interrogé par la presse lundi à ce propos, le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer s'est «refusé à spéculer».