Les procédures judiciaires ont repris lundi à Guantanamo avec notamment la comparution des cinq accusés du 11 septembre, mais devraient connaître leur épilogue cette semaine, aussitôt que Barack Obama aura pris ses fonctions de président.

«Nous sommes tous très optimistes que ces procédures vont se conclure» dans la semaine, a déclaré à la presse le commandant William Kuebler, avocat de Omar Khadr, un Canadien arrêté à 15 ans pour le meurtre d'un soldat américain en Afghanistan, fin 2001.

Son client a commencé à comparaître lundi pour une semaine d'ultimes audiences précédant son procès, programmé en principe pour le 26 janvier. Entre autres éléments abordés lundi, la défense a contesté la manière dont les interrogateurs ont procédé, à Bagram d'abord puis à Guantanamo, pour obtenir des aveux.

Dans une autre salle d'audience ultra sécurisée, les cinq hommes accusés d'avoir organisé les attentats du 11 septembre 2001 ont également comparu. Assis à la table de leurs avocats, qu'ils rejettent pour la plupart d'entre eux, les cinq hommes avaient les mains libres.

Parmi eux, Khaled Sheik Mohammed est considéré par le Pentagone comme le cerveau des attentats.

Le juge militaire Stephen Henley a interrogé successivement M. Mohammed, Ali Abd al-Aziz Ali et Wallid ben Attash sur leur volonté de se représenter eux-mêmes. La responsabilité mentale de Ramzi ben al-Shaiba devait être examinée cette semaine avant qu'il puisse prendre sa décision. Celle de Mustapha al-Hawsawi également, mais ultérieurement.

Le juge devait aussi écouter les parties sur la possibilité pour les cinq accusés de plaider coupable, comme ils l'avaient fait en décembre, avant que des raisons techniques obligent le juge à reprendre la procédure à zéro.

Quoiqu'il en soit, toutes les parties s'attendent à ce que ces audiences s'arrêtent en plein milieu, dans la semaine. L'accusation elle-même avait demandé leur report, alors que Barack Obama doit prêter serment mardi.

Les observateurs sont convaincus que l'une des premières actions du nouveau président sera non seulement d'ordonner la fermeture de la prison de Guantanamo mais aussi de suspendre ces tribunaux militaires d'exception, très contestés notamment parce qu'ils acceptent certaines preuves recueillies sous la contrainte et des témoignages non confirmés à la barre.

La question du système qui leur sera substitué (cours fédérales, cours martiales, système judiciaire dédié) n'a en revanche pas été tranchée.

Des militants défendant les Droits de l'homme, une trentaine de journalistes et cinq membres des familles des victimes du 11 septembre, présents sur la base navale américaine située à Cuba, s'attendent à être les témoins de la fin d'un processus considéré comme emblématique des années Bush.

Interrogé sur Fox dimanche, le futur porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a confirmé que le futur président allait faire une annonce sur la fermeture du camp de Guantanamo sans préciser à quel moment précis cela interviendrait, ni ce qu'il adviendra des procédures judiciaires.

«Nous sommes prêts à exécuter les ordres de la nouvelle administration», a déclaré à la presse le colonel Lawrence Morris, procureur général des tribunaux militaires d'exception. Rappelant sa foi dans ce système judiciaire, créé pour juger des hommes arrêtés en temps de guerre, il a affirmé avoir «confiance». «Nous sommes des procureurs souples», a-t-il ajouté.

Trois hommes ont jusqu'ici été au bout de leur procès à Guantanamo. Un a plaidé coupable, un a été condamné à six mois de prison supplémentaires et le dernier à la perpétuité après avoir refusé de se défendre.

Plusieurs hauts responsables militaires de ces commissions en ont claqué la porte, dénonçant le manque d'éthique du système.