Face à l'aggravation des maux du système de santé américain ces dernières années, l'équipe de transition de Barack Obama a décidé d'organiser des réunions publiques sur le sujet pour faire émerger de possibles remèdes.

Ces débats publics évoquent une initiative similaire menée en 2005 et 2006: le Congrès américain avait alors créé un Groupe de travail des citoyens sur la santé (CHCWG), qui avait recueilli les contributions de 6650 personnes à l'occasion de 84 réunions dans le pays, et de 14 000 autres via une enquête sur Internet.

Les recommandations du CHCWG étaient toutefois restées lettre morte. Elles préconisaient notamment de garantir une couverture santé pour des examens et traitements spécifiques et d'offrir une protection contre les frais médicaux élevés.

L'équipe Obama a repris le concept et a commencé à le mettre en oeuvre. Une vingtaine de seniors ont ainsi donné leur avis à Washington sur le système de santé, en présence de Tom Daschle, ancien chef de la majorité démocrate au Sénat désigné au poste de secrétaire à la Santé.

Ils ont pointé tout un éventail de problèmes: longue attente chez le médecin avant la consultation, coût élevé des médicaments sur ordonnance, couverture insuffisante du programme d'assurance-santé Medicare -réservé aux personnes âgées et handicapées- pour certains traitements et appareils médicaux...

M. Daschle a estimé que ce type de réunion permettraient de mettre la nouvelle administration «sur la bonne voie» pour réformer le système de santé après l'investiture de Barack Obama, le 20 janvier.

Alethea Campbell, une des participantes, a demandé davantage de moyens pour la recherche médicale, notamment sur la maladie d'Alzheimer, qui frappe plusieurs membres de sa famille. Eugene Kinlow a souhaité de son côté que l'on aide davantage les Américains à adopter un mode de vie plus sain. «Une grande partie du problème c'est nous. Nous continuons tous à faire grimper le coût du système de santé de par notre comportement quotidien et nos habitudes», a-t-il estimé.

Quelque 8500 réunions de ce type ont déjà eu lieu depuis le 15 décembre, et les résultats de ces entretiens sur son site Internet sont présentés sur le site de l'équipe de transition. Selon M. Daschle ces informations serviront à faire des propositions pour améliorer le système de santé.

Le futur «M. Santé» de l'administration Obama estime également que les parlementaires seront plus enclins à s'atteler à la réforme du système de santé s'ils ressentent une pression de l'opinion. Selon lui, ces réunions publiques devraient contribuer à sensibiliser les membres du Congrès et les gouverneurs. «Cela va conduire à un niveau d'engagement plus élevé chez les élus», prédit-il.

Lors d'une des deux réunions auxquelles M. Daschle a participé en personne fin décembre, quelque 25 personnes étaient réunies autour de lui à Washington, dans un centre de santé pour les seniors. La plupart étaient des bénéficiaires du programme Medicare.

Même s'ils ont droit à une couverture pour la plupart de leurs traitements, ils n'ont pas été avares de suggestions pour améliorer le système de santé. Certains ont raconté avoir patienté trois à quatre heures en salle d'attente avant de voir le médecin. D'autres ont expliqué qu'ils aidaient à financer les frais médicaux de leurs enfants et petits-enfants non couverts par une assurance-maladie.

«Ce sont des conversations comme celles-ci qui nous mettent sur la bonne voie», a souligné M. Daschle devant les participants.