L'amerrissage d'un avion est une manoeuvre extrêmement délicate, qui a été exceptionnellement réussie à New York grâce à l'expérience du pilote et à un concours de circonstances favorables.

Un Airbus A320 de la compagnie aérienne américaine US Airways s'est posé en catastrophe jeudi sur les eaux glacées de l'Hudson à New York, probablement frappé en vol par des oiseaux, et les 155 occupants ont pu être évacués alors que l'appareil s'enfonçait peu à peu dans le fleuve.

L'amerrissage est une manoeuvre extrêmement délicate que le pilote n'exécute que «s'il n'y a aucune autre option viable possible», explique à l'AFP François Grangier, commandant de bord instructeur et expert en enquête-accident.

C'était le cas à New York, où la densité urbaine est telle que seuls l'Hudson ou l'Atlantique offrent un espace dégagé de toute construction.

Dans ces circonstances, «le hasard a fait que tout était réuni sur cet accident pour que ça se passe le mieux possible», poursuit-il.

D'abord, le pilote: cet ancien de l'US Air Force de 57 ans, aujourd'hui célébré en héros, est aussi instructeur et expert en accidents aériens. Il est donc au fait «des accidents en général, et des atterrissages d'urgence et amerrissages en particulier», remarque M. Grangier: «il savait ce qu'il pouvait faire d'une manière extrêmement rapide et quasiment sans réfléchir».

«Tous les pilotes n'auraient pas pu en faire autant», confirme Patrick Magisson, pilote d'A320 chez Air France, d'autant que les pilotes ne sont «pas entraînés» pour l'éventualité peu probable où les deux réacteurs tombent en panne.

Les circonstances se sont avérées ensuite «très favorables», poursuit M. Grangier. L'amerrissage a ainsi eu lieu de jour, sans houle ni vent, sur une surface assez grande et avec des secours à proximité.

Le pilote a pu monter a une altitude de 3.000 pieds (environ 1.000 mètres), lui laissant le temps de prendre les bonnes décisions, de réduire sa vitesse et de se mettre face au vent.

Par ailleurs, il s'agissait d'un vol court, entre l'aéroport de New York-La Guardia et Charlotte (Caroline du Nord). L'avion, sans doute peu chargé en bagages et dont les réservoirs n'étaient pas pleins, a pu flotter plus facilement.

Le fait que l'avion flotte n'est pas en soi un miracle. Lors de la certification des avions de transport, «le constructeur doit démontrer qu'après un amerrissage forcé, l'avion peut flotter pendant un temps suffisant pour permettre l'évacuation des passagers», souligne-t-on à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).

Mais «cette démonstration ne s'appuie évidement pas sur un essai réel, et il est donc fait l'hypothèse que l'équipage sera en mesure de poser l'avion sur l'eau sans dégâts important, ce qui peut nécessiter une certaine habileté du pilote», ajoute-t-on de même source.

Les autorités américaines célèbrent aujourd'hui la compétence et le courage du pilote mais elles occultent leur part de responsabilité, juge par ailleurs Patrick Grangier.

«Aujourd'hui, l'aéroport de La Guardia est totalement responsable de la présence de ces oiseaux, qui n'auraient pas dû être là» et qui sont certainement à l'origine de la défaillance des moteurs, affirme-t-il, en regrettant que les aéroports ne fassent pas le nécessaire pour que les volatils soient effarouchés efficacement.