Les cheveux ont blanchi, les rides se sont accentuées, mais c'est un George W. Bush apparemment sans regrets qui va redevenir un citoyen comme les autres au terme de huit ans d'une présidence difficile et mouvementée.

«Je ne me suis pas soucié de (ma) popularité mais de la Constitution des Etats-Unis et de l'élaboration de plans qui permettent de savoir plus facilement ce que l'ennemi entreprend», a affirmé lors de sa dernière conférence de presse le 43e président des Etats-Unis, jugeant «pathétique» de «s'apitoyer sur soi-même».

Mais au moment où il laisse la Maison Blanche au démocrate Barack Obama, la cote de popularité de M. Bush auprès des Américains demeure inférieure à 30%, très loin du soutien quasi unanime dont il avait bénéficié après les attentats du 11-Septembre.

Se disant «fier de ce que cette administration a accompli», M. Bush a assuré qu'il n'avait «pas vendu (son) âme pour être populaire. Et quand je rentrerai chez moi et que je regarderai dans la glace, je serai fier de ce que je verrai».

Les deux mandats de M. Bush l'ont physiquement marqué. Il ne joue plus au golf depuis 2003, par respect selon lui pour les familles de soldats morts en Irak, et il a cessé le jogging en raison de faiblesses aux genoux, pour préférer le vélo.

«Je ne peux pas m'imaginer sur la plage, un grand chapeau de paille sur la tête et une chemise hawaïnenne sur le dos... Surtout depuis que j'ai arrêté de boire», a dit M. Bush à propos de sa vie de retraité.

M. Bush, bon vivant dans sa jeunesse puis touché par la foi, a arrêté l'alcool à l'âge de 40 ans et a un jour affirmé que son philosophe favori était Jésus.

Né le 6 juillet 1946 sur la côte est, M. Bush - dont le père est le 41e président des Etats-Unis, et le grand-père était banquier et sénateur - est diplômé de Yale et de Harvard, soit un pur produit de l'élite, loin de l'image de rude cow-boy texan qu'il aime donner de lui.

A la fin des années 1960, il évite le Vietnam en rejoignant la garde nationale du Texas comme pilote de chasse. Une période controversée: ses critiques affirment qu'il a bénéficié d'un passe-droit, la Maison Blanche fait valoir qu'il a servi dans les règles.

Il rencontre en 1977 une bibliothécaire de 30 ans, Laura Welch. Bientôt marié, le couple aura deux filles jumelles, Jenna et Barbara. Dans le même temps, il échoue dans sa première tentative électorale, un siège de représentant au Congrès.

Entrepreneur dans le secteur pétrolier puis responsable d'une équipe de base-ball de première division, M. Bush devient gouverneur du Texas en 1994 et se lance dans la course à la présidence pour l'élection de l'an 2000, qui restera comme la plus mouvementée de l'histoire des Etats-Unis.

Le démocrate Al Gore remporte le vote populaire, mais M. Bush la majorité des votes de grands électeurs, après que la Cour suprême a mis un terme aux opérations de recomptage.

Dès sa prise de fonctions, M. Bush applique son programme conservateur: réductions d'impôts, réforme du système éducatif... Mais le 11-Septembre redéfinit les priorités. Les Etats-Unis renversent les talibans en Afghanistan, puis envahissent l'Irak malgré les objections d'alliés traditionnels.

Alors qu'il lègue à M. Obama deux guerres, une récession économique et un déficit budgétaire estimé à 1.200 milliards de dollars (8,3% du PIB), M. Bush ne formule pas de regrets.

Tout juste reconnaît-il des «déceptions», en évoquant le scandale des abus dans la prison d'Abou Ghraib, ou le fait qu'aucune arme de destruction massive n'ait été trouvée en Irak.

«Les choses n'ont pas fonctionné selon le plan prévu, disons-le comme ça», a ajouté M. Bush, affirmant que «c'est l'Histoire qui se retournera sur le passé et déterminera ce qu'on aurait pu mieux faire ou quelles erreurs j'ai faites».