Quarante-deux détenus de Guantanamo sur 250 environ observaient une grève de la faim lundi, à huit jours de l'investiture de Barack Obama qui a promis de fermer le centre de détention, a-t-on appris auprès de la direction de la prison.

«Il y a 42 grévistes de la faim, dont 31» sont nourris de liquide protéiné qu'on leur injecte par le nez, a expliqué à l'AFP le capitaine de frégate Pauline Storum, directrice des affaires publiques du centre de détention.

Vendredi dernier, ils étaient 34 dont 25 nourris de force, selon la même source.

Dans le centre de détention de Guantanamo, qui compte environ 250 détenus à l'heure actuelle, un homme est considéré en grève de la faim lorsqu'il a refusé «neuf repas de suite», c'est-à-dire au bout de trois jours sans manger. Il est nourri à l'aide d'un tube qui diffuse du liquide protéiné lorsque «son poids tombe à 85% de son poids idéal ou du poids qu'il avait en arrivant», a-t-elle précisé.

«Ces dernières années, nous avons constaté des hausses et des baisses périodiques dans le nombre de grévistes de la faim et alors que nous approchons du septième anniversaire de l'ouverture du camp et de l'investiture (de Barack Obama, ndlr), nous ne sommes pas surpris de voir le nombre augmenter», a ajouté le capitaine Storum.

Les premiers détenus ont foulé le sol de la base navale américaine de la baie de Guantanamo (Cuba) le 11 janvier 2002.

Le capitaine Storum a estimé qu'il s'agissait d'«une forme connue de protestation reprenant une stratégie utilisée par l'IRA», l'Armée républicaine irlandaise.

L'alimentation obligatoire est «administrée par des infirmières professionnelles et menée avec humanité», a-t-elle assuré, à l'opposé d'avocats de détenus qui assimilent ces séances de nourriture forcée à de la torture.

«La préservation de la vie par des moyens légaux et adéquats est une mesure responsable et prudente pour la sécurité et le bien-être des détenus», a poursuivi le capitaine Storum.

Selon des avocats interrogés par l'AFP, la plupart des détenus en grève de la faim veulent savoir pourquoi ils sont enfermés depuis si longtemps sans inculpation ni procès.

Lundi, l'ancien chauffeur d'Oussama ben Laden, Salim Hamdan, qui a été jugé par un tribunal militaire d'exception en juillet, a été libéré de prison à Sanaa, où il avait été transféré fin novembre pour finir de purger sa peine, et a retrouvé sa famille après avoir passé sept ans à Guantanamo.