George W. Bush a donné lundi à son successeur Barack Obama un aperçu personnel des grandeurs et des servitudes de sa charge, et au public une idée de ce qui sera une retraite active après une présidence tourmentée.

«Il y aura des déceptions, ça je vous le promets. Il aura des déceptions. D'un autre côté, ce boulot est tellement exaltant et tellement profond que ces déceptions seront une contrariété mineure», a dit M. Bush, et «parfois, les plus grandes déceptions vous viennent de ceux qui se disent vos amis».

M. Bush s'en est tenu à son principe, lors d'une dernière conférence de presse forcément nostalgique largement consacrée, entre deux plaisanteries sur ses relations avec les journalistes et son combat constant avec la langue anglaise, à défendre huit années de présidence qui s'achève sur des records d'impopularité.

Il n'a pas commenté les intentions de celui qui prendra sa suite dans l'une des passations de pouvoirs les plus délicates depuis longtemps.

Il n'a pas non plus défrayé la chronique par des annonces qui semblaient par avance improbables huit jours avant son départ.

L'une des dernières décisions importantes encore de son ressort (demander au Congrès de débloquer 350 milliards pour faire face à la crise économique financière) a été rendue publique après la conférence de presse dans un bref message de sa porte-parole Dana Perino.

M. Bush peut encore, avant le 20 janvier, faire usage de ses prérogatives et accorder quelques grâces, par exemple à l'ancien collaborateur de la vice-présidence Lewis «Scooter» Libby, un acte qui ne manquerait pas de faire parler.

Mais M. Bush a refusé de s'exprimer sur ce sujet aussi.

Au lieu de cela, il a répondu à la question d'une journaliste du New York Times sur les erreurs qu'il aurait commises pendant huit années marquées par les épreuves (les attentats du 11-Septembre, la guerre) et achevée sur l'une des pires récessions depuis longtemps. Il en a admis certaines et a assumé l'essentiel.

Mais il a dressé un tableau de ce qui attendait M. Obama.

M. Obama sentira le poids de la présidence «à la minute même où il entrera dans le Bureau ovale. En tout cas, c'est à ce moment-là que je l'ai senti», a dit M. Bush, plaisantant sur le fait que lui, loin d'avoir les qualités d'orateur de M. Obama, était trop concentré sur son discours au moment de l'investiture pour penser aux réalités de la fonction.

M. Bush s'est dit «chanceux d'être assis au premier rang pour ce qui va être un moment historique», la prestation de serment du premier président noir des États-Unis. A plusieurs reprises, il a souhaité «ce qu'il y a de meilleur» à M. Obama.

Mais, a-t-il prévenu, M. Obama va au-devant de dures critiques, «et il faudra qu'il fasse ce qu'il croit juste. Sinon, je ne vois pas comment vous pouvez vivre en accord avec vous-même».

M. Bush, lui, rentrera le 20 janvier au Texas en pouvant se «regarder dans la glace et être fier de (qu'il) voit».

Si les critiques ne l'ont pas épargné, il a refusé d'en faire grand cas. «C'est comme dire: pourquoi moi? Oh, le fardeau, vous savez... Pourquoi la crise financière devait-elle forcément tomber sur moi. C'est pathétique, de s'apitoyer sur soi-même, non?»

Le 21 janvier, il devrait se réveiller dans son ranch de Crawford (Texas, sud) et faire le café pour son épouse Laura, a-t-il dit. Pour la première fois depuis longtemps, il n'y aura pas de briefing matinal sur les menaces pesant sur le pays.

Il a déjà dit son intention de se consacrer à son institut politique de Dallas promouvant ses idées, et d'écrire un livre. Il devrait retourner dans son bureau dès le 21: «Je ne peux pas m'imaginer sur la plage, un grand chapeau de paille sur la tête et une chemise hawaïnenne sur le dos... Surtout depuis que j'ai arrêté de boire».