Une commission parlementaire de l'Illinois a préconisé jeudi la destitution du gouverneur de l'Etat, Rod Blagojevich, soupçonné d'avoir voulu monnayer le siège laissé vacant par Barack Obama au Sénat.

La commission, composée de 21 élus, a considéré à l'unanimité qu'il y avait suffisamment de preuves que Rod Blagojevich, arrêté le 9 décembre pour fraude et corruption puis libéré sous caution, avait commis un abus de pouvoir et était inapte à gouverner.

«C'est un jour très triste pour l'Etat de l'Illinois; défaire les résultats d'une élection juste, ouverte, libre et démocratique est une lourde responsabilité», a déclaré la présidente de la commission et membre de la Chambre des représentants de l'Etat Barbara Flynn Currie.

«L'ensemble des preuves suggère clairement que ce n'est pas une personne adéquate pour le poste de gouverneur de l'Etat de l'Illinois», a-t-elle ajouté.

Si la recommandation de cette commission est acceptée par la Chambre des représentants de l'Illinois, le Sénat devra ensuite déterminer si Rod Blagojevich doit quitter son poste. Un vote des parlementaires est attendu vendredi.

Le gouverneur de l'Illinois clame son innocence, et a affirmé qu'il avait hâte de se défendre devant la justice, se disant «certain» qu'elle lui donnerait raison, mais a refusé de se présenter devant la commission.

Son bureau a diffusé un communiqué jeudi soir, affirmant que les procédures étaient «biaisées et non conformes à la loi» et que «le résultat était couru d'avance».

«Quand l'affaire arrivera au Sénat, un vrai juge présidera les audiences et le gouverneur pense que le résultat sera très différent», indique le communiqué.

La commission a aussi fustigé M. Blagojevich pour avoir désigné Roland Burris comme successeur de Barack Obama au Sénat en dépit des avertissements des démocrates de la chambre haute sur le fait qu'ils n'accepteraient personne nommé par lui.

Dans la journée, M. Burris avait assuré devant la commission d'enquête qu'il n'avait passé aucun accord pour obtenir cette nomination. «La nomination était légale», a-t-il dit. «Il n'y a pas d'ombre au tableau. La nomination était conforme à la loi».

Mardi, jour de la rentrée parlementaire, cet ancien ministre de la Justice de l'Illinois, un Noir de 71 ans, était arrivé au Capitole entouré d'une nuée de journalistes, et en était ressorti une demi-heure plus tard sans avoir pu être assermenté avec les autres sénateurs du 111e Congrès. Sa lettre de nomination avait été jugée invalide car elle n'était pas signée par le secrétaire d'Etat de l'Illinois.

Mais mercredi, les leaders démocrates du Sénat ont paru assouplir leur position après des discussions au Capitole avec M. Burris, indiquant qu'ils pourraient procéder à un vote sur la question.

M. Obama a démissionné du Sénat après son élection à la présidence des Etats-Unis le 4 novembre. En cas de vacance, c'est au gouverneur de l'Etat concerné de nommer un sénateur jusqu'à la prochaine élection sénatoriale, prévue dans deux ans.

S'il est autorisé à siéger, M. Burris sera comme M. Obama l'était, le seul Noir sur les bancs du Sénat.