Trois hommes, dont le cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001 et un Allemand, membre important présumé d'Al-Qaeda, sont jugés à partir de lundi par la cour d'assises spéciale de Paris, accusés de complicité dans l'attentat contre une synagogue à Djerba en 2002.

Khalid Cheikh Mohammed, Christian Ganczarski et Walid Nawar (frère du jeune tunisien qui s'est fait exploser dans l'attentat), sont soupçonnés d'avoir, à des degrés divers, incité et aidé le kamikaze à commettre son acte, qui a fait 21 morts dont 14 touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français. Les trois hommes, dont le procès doit durer jusqu'au 6 février, devront répondre de «complicité et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste».

Khalid Cheikh Mohammed, accusé d'avoir planifié les attaques contre le World Trade Center et le Pentagone, ne comparaîtra pas devant les magistrats parisiens spécialisés dans les affaires de terrorisme: arrêté au Pakistan en mars 2003, remis aux autorités américaines, il est détenu sur la base de Guantanamo à Cuba.

L'allemand d'origine polonaise Christian Ganczarski est considéré par les enquêteurs et juges antiterroristes français et allemand comme un membre important du réseau Al-Qaeda et un personnage central de ce dossier.

Il est soupçonné d'avoir mis ses connaissances techniques en matière d'Internet et de radiocommunications au service d'Al-Qaeda et se serait engagé à recruter pour le réseau d'autres européens.

Accusé de s'être rendu à six reprises dans la zone pakistano-afghane, entre 1999 et 2001, il aurait rencontré à plusieurs reprises Oussama ben Laden et est considéré par l'accusation comme un proche de Khalid Cheikh Mohammed.

Il est accusé d'avoir donné sa bénédiction et le feu vert à l'attentat lors d'un appel téléphonique que lui avait passé peu avant l'explosion le kamikaze, Nizar Nawar, qui avait juste après contacté Khalid Cheikh Mohammed.

Il a été trahi par le téléphone satellitaire du kamikaze, sur lequel figurait son numéro en Allemagne et dont la conversation a pu être retrouvée par les enquêteurs.

Etabli en Arabie Saoudite en 2003, il est tombé dans un piège que lui ont tendu les services secrets saoudiens et occidentaux et a été interpellé par la police française le 3 juin 2003 lors d'une escale à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-De-Gaulle.

Dans une lettre ouverte envoyée vendredi à Angela Merkel, Christian Ganczarski appelle la chancelière à demander aux autorités françaises un procès «juste et équitable».

«Il est très clair que ce procès ne peut pas être équitable et qu'il a une motivation politique» de la France, écrit-il, estimant que le président Nicolas Sarkozy l'a condamné par avance dès 2003 en le qualifiant de «haut responsable d'Al-Qaeda».

Le troisième accusé, Walid Nawar, est soupçonné d'avoir fourni une aide matérielle à son frère, en lui achetant notamment en France le téléphone satellitaire avec lequel il appelait Christian Ganczarski et Khalid Cheikh Mohammed.

Deux autres personnes, Jaouar Suissi et Tarek Hdia, un temps soupçonnés de complicité matérielle dans l'attentat, ont été renvoyées en correctionnelle mais aucun fait terroriste n'a été retenu contre eux. Le premier sera jugé en février pour «séjour irrégulier» et le second pour «possession de faux documents administratifs».

Unique accusé à avoir été jugé en Tunisie dans ce dossier, pour complicité d'assassinat, Belgacem Nawar, l'oncle du kamikaze, a été condamné définitivement à 20 ans d'emprisonnement.

Il lui a été reproché d'avoir aidé à la préparation du camion piégé, en travaillant à la fixation à l'intérieur d'une cuve remplie d'une grande quantité de gaz et dotée d'un système de mise à feu.