«Yes, we can» («Oui, nous le pouvons»). Et Barack Obama l'a prouvé. Le sénateur démocrate de l'Illinois est devenu le 4 novembre le premier Noir élu à la Maison Blanche, remportant une large et historique victoire sur son rival républicain John McCain.

Barack Obama avait commencé l'année en fanfare, s'imposant le 3 janvier dans la première étape de la course à l'investiture démocrate: l'Iowa, Etat rural du Midwest peuplé à 95% de Blancs. Un succès déjà révélateur de l'efficacité de sa machine électorale et de sa capacité à séduire au-delà des clivages raciaux.

Mais les primaires n'allaient pas être un long fleuve tranquille pour le sénateur de l'Illinois. Sa rivale Hillary Clinton, longtemps donnée favorite pour l'investiture, reprenait la main dès le 8 janvier au New Hampshire.

Les deux prétendants démocrates se sont livré un duel acharné pendant six mois. Barack Obama a survécu à l'affaire Jeremiah Wright, du nom de son ancien pasteur, au coeur d'une vive polémique pour des propos incendiaires sur les Etats-Unis.

Si le New Hampshire a relancé la course côté démocrate, elle a donné le ton des primaires républicaines, en offrant la victoire au sénateur de l'Arizona John McCain, dont la campagne avait failli s'effondrer à l'été 2007 pour cause de manque d'argent et de défection d'une bonne partie de son équipe.

M. McCain a ensuite gagné la Caroline du Sud et la Floride, prenant rapidement l'avantage sur ses adversaires: l'ex-gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, le pasteur baptiste Mike Huckabee, l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani, qui avait bâti sa stratégie autour d'une victoire en Floride qui n'est jamais venue, et l'acteur héros de la série télévisée ôôLaw and Order» Fred Thompson.

John McCain était mathématiquement assuré de décrocher la nomination dès le 4 mars. Fin août, ce républicain atypique choisissait la très conservatrice gouverneure d'Alaska Sarah Palin, farouche opposante à l'avortement, comme co-listière, afin de mobiliser la droite religieuse, un électorat-clé de son parti, et tenter de dynamiser sa campagne.

Mais s'il avait su relancer une campagne en grande difficulté pour remporter les primaires républicaines, M. McCain n'est pas parvenu à rééditer la performance face à M. Obama et à sa redoutable organisation de campagne.

Le candidat démocrate a réussi à lever un montant record de 745 millions de dollars (534 millions d'euros) pour noyer son rival sous les publicités électorales, inciter les électeurs à se rendre aux urnes dans les Etats-clés et séduire ceux votant par anticipation. McCain n'est parvenu de son côté à collecter ôôque» 358 millions de dollars.

En octobre, dans les dernières semaines avant l'élection, le candidat républicain a en outre été jugé par de nombreux Américains moins apte que son adversaire à gérer la grave crise financière qui a fait plonger la bourse de New York et suscité l'adoption d'un plan de sauvetage de 700 milliards de dollars (502 millions d'euros) en faveur des banques.

Porteur d'un message d'espoir et de changement après huit années de présidence de George W. Bush, Barack Obama a attiré régulièrement des dizaines de milliers de personnes dans ses meetings, 75.000 dans l'Oregon ou encore 100 000 au Missouri.

Par comparaison, la foule la plus nombreuse à une réunion électorale de John McCain s'est élevée à 20 000 personnes, en Virginie. Une affluence attribuée, qui plus est, en grande partie à la présence de Sarah Palin.

La candidate républicaine à la vice-présidence a ravi les conservateurs avec son image de mère de famille apôtre des valeurs traditionnelles. Et elle n'a pas hésité à attaquer M. Obama, critiquant son programme fiscal et allant jusqu'à l'accuser de ôôcopiner avec des terroristes». Mais les faux pas de Mme Palin lors d'interviews très médiatisées, de même que sa luxueuse garde-robe, ont rapidement nui à son image.

Barack Obama a obtenu une victoire sans appel le 4 novembre, remportant 365 grands électeurs contre 173 à John McCain (il s'agit d'une élection au suffrage indirect). Il sera investi officiellement 44e président des Etats-Unis le 20 janvier.

Le président-élu a déjà annoncé les principales figures de son administration, où l'on compte trois de ses anciens rivaux pour la course à l'investiture démocrate: Joseph Biden, le vice-président élu, Bill Richardson, nommé secrétaire au Commerce, et surtout Hillary Clinton, à qui M. Obama a choisi de confier le département d'Etat (ministère des Affaires étrangères).

De son côté, John McCain a exprimé son intention de rester au Sénat et d'y briguer un cinquième mandat en 2010, alors que Sarah Palin a indiqué qu'elle pourrait défier Obama à la prochaine élection présidentielle, en 2012.