Le président élu Barack Obama a dévoilé samedi les membres-clés de son équipe de conseillers pour la science et la technologie, un choix qui confirme sa volonté de faire de la lutte contre le changement climatique une des priorités de sa présidence.

Le futur président entend aussi avec ces nominations redonner une place de choix à la science et à la recherche, malmenées durant les huit années d'administration de George W. Bush sous l'influence de la droite religieuse. «Il est temps que nous redonnions à la science une place prioritaire et d'oeuvrer pour restaurer le rôle dominant de l'Amérique dans les sciences et les technologies», a déclaré M. Obama dans son allocution hebdomadaire en annonçant les noms de ses principaux conseillers scientifiques.

À la tête de cette équipe figure, comme attendu, John Holdren, 64 ans, professeur de sciences de l'environnement à l'Université d'Harvard, nommé directeur du bureau de la Maison-Blanche chargé de la science et la technologie et co-président du comité des conseillers scientifiques de M. Obama qui entre en fonctions le 20 janvier.

M. Obama l'a qualifié samedi «d'une des voix les plus passionnées (...) de notre temps sur la menace grandissante du changement climatique».

Membre de l'académie nationale des sciences et directeur du prestigieux Woods Hole Research Center, John Holdren a été en 2006 le président de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS). Il a aussi été l'un des conseillers scientifiques de l'ancien président Bill Clinton.

Barack Obama a également retenu Jane Lubchenco, 61 ans, une biologiste marine respectée de l'Université d'État d'Oregon (nord-ouest) pour diriger l'Administration des océans et de l'atmosphère (NOAA). La NOAÀ est notamment responsable de suivre l'évolution climatique planétaire et de faire des prévisions sur les tempêtes et ouragans.

Comme Steven Chu, le physicien co-lauréat du prix Nobel de physique choisi par Barack Obama comme ministre de l'Energie, John Holdren et Jane Lubchenco ont plaidé avec force pour mettre en place aux États-Unis un système de limitation contraignante des émissions de gaz à effet de serre pour éviter un changement climatique catastrophique. L'Amérique est responsable du quart de des émissions en gaz à effet de serre de la planète.

Mme Lubchenco avait déclaré en octobre dans une interview à la presse américaine qu'elle pensait discerner un changement d'attitude du public aux États-Unis sur la question du climat tout en accusant «l'Administration Bush de ne pas respecter la science».

Des membres non-scientifiques de cette administration ont notamment modifié des documents scientifiques officiels, effaçant certaines données et bloquant des recommandations de chercheurs sur le changement climatique, la protection d'espèces animales en danger d'extinction ou sur des contaminants environnementaux.

«L'Administration Bush a été la plus anti-science que j'ai jamais vu», a récemment déclaré au Washington Post, le biologiste David Baltimore, lauréat du Nobel de Médecine.

«Je pense que nous allons connaître un énorme changement avec l'Administration Obama quant au respect des résultats et du processus scientifique», a-t-il ajouté.

Affirmant l'importance de la recherche génétique, M. Obama a également choisi les Dr Eric Lander et Harold Varmus comme co-présidents du comité des conseillers scientifiques de la Maison-Blanche avec M. Holdren.

Le Dr Lander est le fondateur et directeur du Broad Institute qui a joué un rôle clé dans le projet de séquençage du génome humain achevé en 2003. Cette avancée est cruciale pour la compréhension des mécanismes moléculaires des maladies humaines comme le cancer.

Le Dr Varmus, co-lauréat du Nobel de médecine en 1989 pour ses travaux sur la génétique du cancer, dirige le Centre Memorial Sloan-Kettering sur le cancer à New York.