La peine de mort confirme son recul aux Etats-Unis avec 37 exécutions menées en 2008, le chiffre le plus bas depuis 14 ans, selon un rapport publié jeudi.

«Le nombre d'exécutions cette année est au plus bas depuis 14 ans, avec 37 exécutions, et poursuit une tendance à la baisse entamée après le pic de 98 exécutions en 1999», indique le rapport du Centre d'information sur la peine de mort (DPIC, Death Penalty Information Center). Le recul du nombre d'exécutions est de 62% par rapport à 1999. En 2007, 42 condamnés avaient été exécutés.

«Les tribunaux, les parlements et le public sont de plus en plus sceptiques vis-à-vis de la peine de mort, que ce soit en terme de risque de possible innocence (des condamnés), d'inégalité de la représentation légale, de coût, ou tout simplement dû au sentiment que ce système n'est ni juste ni fiable», a affirmé dans un communiqué Richard Dieter, directeur général du Centre d'information créé en 1990.

La crise économique commence aussi à peser sur le choix des Etats d'appliquer ou non la peine de mort, car les procédures et la détention pour une peine capitale demandent «des dépenses énormes», souligne le rapport qui rappelle qu'un condamné à mort passe en moyenne 12,7 ans dans les couloirs de la mort avant d'être exécuté.

La justice américaine a condamné à mort 111 nouveaux détenus contre 115 en 2007 et 284 il y a presque 10 ans. C'est le plus bas niveau de condamnations à la peine capitale depuis 1976, date de la réinstauration de la peine de mort.

Après avoir continuellement augmenté entre 1976 et 1999, la population de condamnés attendant leur exécution dans les couloirs de la mort a commencé à régresser. Il y en a 3.309 contre 3.350 l'année dernière et 3549 en 1999.

Une large majorité d'Américains est favorable à la peine de mort mais leur part régresse, à 64% contre 69% en 2007, affirme un sondage Gallup réalisé en 2008. En 1994, la peine de mort était à son plus haut dans l'opinion publique, 80% des Américains l'approuvant.

Sur les 37 exécutions menées cette année, presque toutes (35) l'ont été dans les Etats du Sud historique, notamment le Texas, la Virginie, la Géorgie, la Caroline du Sud, la Floride et le Mississippi.

La moitié des exécutions (18) ont eu lieu au Texas, responsable de 423 des 1136 exécutions réalisées depuis 1976. La Virginie arrive en deuxième position avec 102 exécutions depuis cette date.

Cette année, aucune exécution n'a eu lieu avant avril, lorsque la Cour suprême a levé un moratoire qui avait été décidé pour déterminer si l'injection mortelle constituait un châtiment «cruel et inhabituel» interdit par la Constitution américaine.

La validation de cette méthode par la Cour suprême a fait craindre une reprise rapide des exécutions après cette date, selon le DPIC. «Nous avons été surpris que le rebond du nombre d'exécutions auquel nous nous attendions après la décision (...) n'ait pas eu lieu», a indiqué Richard Dieter.

Au cours de l'année, quelque 25 exécutions ont été reportées à la suite de recours portant sur la santé mentale, l'innocence possible ou une mauvaise représentation légale des condamnés. Troy Davis, condamné à la peine capitale en Géorgie depuis 17 ans pour le meurtre d'un policier et qui affirme être innocent, a ainsi été sauvé à quelques heures de son exécution, repoussée in extremis par la Cour suprême.

Quatre condamnés à mort ont vu leur peine commuée en 2008 parce qu'ils étaient innocents ou n'avaient pas été jugés dans les règles. Cela porte à 130 le nombre de peines de mort commuées depuis 1973.