Barack Obama ne devrait pas être éclaboussé par l'arrestation du gouverneur de l'Illinois, accusé d'avoir voulu monnayer l'attribution du siège du président élu au Sénat des Etats-Unis, estimaient mercredi les commentateurs.

Barack Obama a demandé mercredi la démission de Rod Blagojevich, selon un porte-parole.

Arrêté mardi, le gouverneur a été confondu par des écoutes, autorisées par la justice, de discussions portant sur les bénéfices qu'il pourrait tirer du fait que c'est au gouverneur qu'il revient de nommer un sénateur américain quand un siège est vacant.

Les écoutes du FBI (police fédérale) ne montrent aucune complaisance de l'équipe Obama ou du président élu lui-même avec les exigences du gouverneur, qui réclamait à plusieurs de ses interlocuteurs des postes prestigieux ou de l'argent pour lui ou son épouse.

L'ampleur de la corruption reprochée à M. Blagojevich est «stupéfiante», avait commenté mardi le procureur Patrick Fitzgerald.

M. Blagojevich, 51 ans, qui risque jusqu'à 30 ans de prison, «empoisonne la vie politique de l'Illinois depuis un certain temps», souligne Dan Sprehe, de l'Association pour un meilleur gouvernement, basée à Chicago.

«Je serais très très surpris s'il existait des contacts approfondis entre les deux bureaux (celui d'Obama et celui du gouverneur) sur autre chose que les affaires officielles», a-t-il estimé, interrogé par l'AFP.

«Etant donné les défis qui nous attendent sur le front économique et tout ce qui se passe dans le monde, je ne pense même pas que cette affaire puisse constituer un enjeu», a-t-il ajouté.

Selon les scripts des écoutes réalisées par le FBI, les collaborateurs de Barack Obama ont bien recommandé un nom à M. Blagojevich, celui d'une amie de longue date du futur président, Valerie Jarrett, nommée finalement conseillère à la Maison Blanche.

Les enregistrements montrent aussi que l'équipe Obama n'a rien proposé d'autre que sa reconnaissance en échange, ce que le gouverneur a commenté avec amertume.

«Je n'ai eu aucun contact avec le gouverneur ou son bureau, et je n'ai donc pas été au courant de ce qui se passait», a déclaré M. Obama mardi devant la presse.

Le président du Comité national républicain Mike Duncan a qualifié ces déclarations de «prudentes et vagues», les jugeant «inacceptables». Il a appelé le futur président, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, à rendre publiques immédiatement toute communication entre son équipe et le gouverneur, estimant que «la promesse de transparence faite par Obama aux Américains était mise à l'épreuve».

Barack Obama a gardé ses distances pendant toute la campagne et évité les apparitions publiques aux côtés de Rod Blagojevich, dont le marchandage autour du siège de sénateur a interloqué les observateurs car il était déjà surveillé par le FBI pour avoir monnayé des postes.

Et le futur président avait soutenu une réforme éthique au niveau de l'Etat de l'Illinois qui pourrait être à l'origine des ennuis du gouverneur. M. Blagojevich pourrait avoir tenté de jouer le tout pour le tout afin d'engranger le plus de gains possibles avant que cette loi n'entre en vigueur le 1er janvier.

L'un des proches conseillers de M. Obama, David Axelrod, a publié mardi un communiqué expliquant s'être «trompé» en affirmant le mois dernier que M. Obama s'était entretenu avec M. Blagojevich à propos de son poste vacant au Sénat. «Ils n'ont jamais abordé ce sujet, ni à ce moment là, ni à un autre», a-t-il dit.

Martha Joynt Kumar, spécialiste de la communication présidentielle à l'université Towson, dans le Maryland, estime que «le seul problème» pour Obama pourrait venir de la rétractation de M. Axelrod.

Par ailleurs, le député de l'Illinois Jesse Jackson Jr, fils du leader noir du même nom, a assuré n'avoir rien à se reprocher, après des informations selon lesquelles un de ses émissaires aurait proposé plus d'un million de dollars au gouverneur en échange de sa nomination au poste de sénateur.