Un policier de New York, Richard Kern, 25 ans, a été inculpé mardi pour agression sexuelle aggravée à l'encontre d'un homme interpellé dans le métro et risque jusqu'à 25 ans de prison, une bavure qui a nécessité l'enquête d'un grand jury citoyen.

Deux de ses collègues, Andrew Morales et Alex Cruz, 26 ans, ont été inculpés d'entrave à la justice, pour avoir essayé de le couvrir en niant toute violence, a précisé au cours d'une conférence de presse le procureur de Brooklyn Richard Heynes.

Michael Mineo, 24 ans, employé d'un salon de piercing de Brooklyn, avait été interpellé le 15 octobre alors qu'il se promenait à proximité de la station de métro Prospect Park à Brooklyn, les policiers pensant qu'il fumait de la marijuana.

Prenant la fuite, il avait été rattrapé dans le métro et plaqué au sol par deux policiers, rejoints par un troisième, a poursuivi Richard Heynes.

Le jeune homme avait affirmé avoir été sodomisé avec un objet pendant qu'on lui passait les menottes, une agression qui s'était poursuivie quelques minutes en dépit de ses hurlements, confirmés par la suite par des témoins au cours de l'enquête.

Michael Mineo a été hospitalisé quelques jours et a dû retourner à l'hôpital ensuite en raison de douleurs persistantes qui l'obligeaient à s'aider d'une canne pour marcher. Le procureur a précisé que le viol avait été commis au moyen de la matraque du policier, «qui a été introduite dans l'anus du suspect, provoquant une déchirure et des saignements internes».

Face aux démentis des trois policiers, le chef de la police de New York Raymond Kelly s'était adressé au parquet qui avait convoqué un grand jury citoyen pour mener l'enquête.

Cette affaire a fait du bruit à New York, où une brutalité policière accompagnée de sodomisation s'était terminée il y a 11 ans par la condamnation à 30 ans de prison d'un des policiers.

En 1997, Abner Louima, un immigré haïtien de 30 ans, avait été sodomisé par des policiers avec un manche à balai. L'un des policiers, Justin Volpe, avait été condamné à 30 ans de prison.

«Je suis étonné que cela puisse se reproduire onze ans après. Mais nous savions que ce genre de violence n'allait pas disparaître en un jour», a déclaré Abner Louima à la presse après cette nouvelle bavure.

Le rapport d'hospitalisation, qui n'a pas été été publié et a été partiellement révélé par le procureur au cours de la conférence de presse, n'a été communiqué qu'au grand jury durant l'enquête, qui a duré plusieurs semaines.

Les jurés ont également entendu plusieurs témoins, qui étaient présents dans la station de métro le 15 octobre mais ne s'étaient pas immédiatement fait connaitre.

Le grand jury, composé de citoyens, est chargé d'établir s'il y a suffisamment de preuves pour donner lieu à des poursuites judiciaires.

La date du procès n'a pas été fixée. Son organisation a été confiée au procureur adjoint Elizabeth Moehle et à deux responsables du parquet chargés respectivement des droits de l'homme et de la discipline au sein de la police.