Cinq agents de sécurité de la société Blackwater, qui travaillaient pour le département d'État américain à Bagdad, sont accusés par la justice américaine d'avoir tiré en rafale sur des civils irakiens désarmés, en tuant 14 et en blessant vingt autres.

Un sixième a lui-même plaidé coupable de tentative d'homicide.

Le 16 septembre 2007, 17 civils irakiens, selon le bilan de l'enquête irakienne, ont trouvé la mort lors d'une fusillade survenue à un carrefour très fréquenté d'un quartier majoritairement sunnite de l'ouest de Bagdad, au passage d'un convoi diplomatique américain escorté par des employés de Blackwater.

Les témoins assurent que les hommes de Blackwater, la plus grande entreprise privée de sécurité utilisée par les Américains à Bagdad, avaient tiré sur des civils sans avoir été agressés. Blackwater a toujours affirmé que ses gardes ont ouvert le feu en réponse à des tirs et devant la menace d'un véhicule suspect.

L'incident avait provoqué colère et indignation côté irakien, le premier ministre Nouri al-Maliki ayant réclamé, sans succès, le départ de Blackwater.

Une enquête a été menée par le FBI avec la coopération du ministère de l'Intérieur irakien et de la police à Bagdad.

Lundi, cinq gardes de Blackwater, âgés de 24 à 29 ans, ont été inculpés d'«homicides volontaires» et de «tentatives d'homicides».

Ces agents, qui se sont livrés lundi à la justice dans l'Utah, où habite l'un d'eux, ont été également mis en examen pour violation de la réglementation sur les armes, après avoir déchargé des rafales d'armes automatiques «dans le cadre d'une action criminelle», a indiqué le procureur général adjoint Patrick Rowan.

S'ils sont reconnus coupables, ils encourent jusqu'à dix ans de prison pour chaque homicide, sept ans pour chaque tentative de meurtre et surtout 30 ans de prison obligatoire pour l'infraction à la réglementation des armes. Les cinq agents de sécurité qui se sont rendus sont Paul Slough, 29 ans, Nicholas Slatten, 24 ans, Evan Liberty, 26 ans, Dustin Heard, 27 ans, et Donald Ball, 26 ans. Ils se sont livrés lundi au palais de justice de Salt Lake City.

Un sixième garde, Jeremy Ridgway, a plaidé coupable de tentative de meurtre et promis de coopérer avec la justice, ce qui fait dire à son employeur Blackwater «son extrême déception».

«Blackwater est extrêmement déçue et surprise d'apprendre qu'un contracteur indépendant ait dit qu'il avait mal agi le 16 septembre 2007. Si cela est vrai, cet individu a donné de fausses informations à l'entreprise afin de cacher son comportement», affirme un communiqué de Blackwater qui estime qu'il n'y pas eu «de violations criminelles» le 16 septembre et que ses agents ont agi dans «un cadre de règles déterminées par le gouvernement».

Le département de la Justice a souligné que l'affaire était la première dans laquelle des employés de sécurité sous contrat privé étaient poursuivis.

Jeff Taylor, procureur du district de Washington, a décrit comment des victimes ont été abattues par surprise ce jour-là. «Aucune des victimes n'était armée, aucune n'était un insurgé», a déclaré M. Taylor, décrivant l'exemple d'un homme tué de plusieurs balles dans la poitrine alors qu'il se tenait debout les mains levées.

«L'inculpation d'aujourd'hui (...) démontre que ceux qui s'engagent dans des attaques non provoquées et illégales contre des civils, que ce soit en temps de paix ou de conflit, doivent rendre compte de leurs actes», a déclaré le procureur adjoint Patrick Rowan.

«On ne prend aucun plaisir à mettre en examen ces individus dont le travail était de protéger les hommes et femmes de notre pays, mais quand ces individus sont accusés dans le cadre de leur devoir, nous devons nous assurer qu'ils sont responsables de leurs actes, car personne n'est au-dessus de la loi, même en temps de guerre», a conclu Jeff Taylor, procureur du district de Washington.