Barack Obama a confirmé son intention de discuter avec l'Iran, se disant prêt à mettre fin à 30 années de dialogue de sourds entre Washington et Téhéran, et prôné une «normalisation» entre l'Inde et le Pakistan après les attentats de Bombay.

Dans son premier grand entretien télévisé consacré à la diplomatie depuis son élection le 4 novembre, le président élu des Etats-Unis a fait un vaste tour d'horizon de la politique internationale.

Confirmant une position prise durant sa campagne électorale, qui lui avait d'ailleurs été vivement reprochée par ses adversaires, Barack Obama a plaidé pour «une diplomatie dure mais directe avec l'Iran».

Sur la chaîne de télévision NBC, le futur président a promis «une série de carottes et de bâtons» à l'Iran, un pays avec qui les Etats-Unis n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis la prise des otages dans leur ambassade à Téhéran en 1979.

Au rayon «carottes», le futur chef d'Etat a évoqué des incitations économiques et commerciales. Côté «bâton», il a suggéré de resserrer les sanctions internationales envers l'Iran, notamment avec la collaboration des grands partenaires commerciaux de Téhéran que sont la Chine, l'Inde et la Russie.

M. Obama s'est fait fort de rappeler à l'Iran que son programme nucléaire était «inacceptable», de même que l'appui qu'il apporte aux mouvements islamistes comme le Hamas dans les territoires palestiniens et le Hezbollah au Liban, ainsi que ses «menaces envers Israël».

«Mais nous sommes prêts à parler directement aux Iraniens et à leur donner clairement le choix pour leur permettre de décider s'il préfèrent que ce soit facile ou que ce soit dur», a-t-il lancé.

Une semaine après le drame de Bombay, M. Obama, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a par ailleurs défendu une normalisation entre l'Inde et le Pakistan, que New Delhi accuse d'être à l'origine de ces attentats qui ont fait 163 morts en plus des neuf terroristes.

«Nous allons devoir faire en sorte que l'Inde et le Pakistan normalisent leurs relations», a-t-il plaidé.

Tout en admettant que «si un pays est attaqué, il a le droit de se défendre», M. Obama n'est pas allé jusqu'à reconnaître à l'Inde le droit de poursuivre au Pakistan des militants soupçonnés d'avoir orchestré les attentats de Bombay.

M. Obama, qui s'est durant la campagne électorale réservé le droit de lancer des raids au Pakistan contre les talibans qui mènent des attaques en Afghanistan, a appelé à un «partenariat stratégique» contre le terrorisme, entre le Pakistan, l'Afghanistan et l'Inde.

«Jusqu'à présent le président (pakistanais, Asif Ali) Zardari a émis les bons signaux. Il a indiqué qu'il comprend bien qu'il ne s'agit pas là seulement d'une menace pour les Etats-Unis mais également d'une menace pour le Pakistan», a-t-il dit.

Rappelant une autre promesse de campagne, il a réaffirmé son intention de retirer des troupes d'Irak afin de les déployer en Afghanistan, pays selon lui au coeur de la lutte contre le terrorisme.

Mais il a aussi insisté sur la nécessité de développer l'Afghanistan, qui reste un des pays les plus pauvres de la planète en dépit des promesses de renaissance formulées par le président George W. Bush lors de l'invasion de 2001.

«Une partie du problème vient du fait que le paysan afghan moyen n'a ressenti aucune amélioration de ses conditions de vie», a estimé M. Obama. «Si nous arrivons à conjuguer développement économique, action militaire sur le terrain et une meilleure diplomatie, je pense que nous pourrons stabiliser la situation», a-t-il espéré.