Le cerveau présumé du 11-Septembre, Khaled Cheikh Mohammed, doit comparaître lundi devant un tribunal militaire américain à Guantanamo, où il sera confronté pour la première fois à des familles de victimes, même si celles-ci seront physiquement séparées de l'accusé.

Détenus sur la base américaine de Guantanamo, dont la prison doit être prochainement fermée comme l'a promis le président élu Barack Obama, le cerveau présumé du 11-Septembre et ses quatre co-accusés doivent répondre de crimes de guerre, une accusation pouvant entraîner leur condamnation à mort. Cinq proches de personnes tuées lors des attentats de 2001 doivent assister aux audiences préliminaires complexes qui se dérouleront pendant une semaine.

L'une d'elles sera consacrée à l'examen d'une motion de la défense réclamant un non-lieu en raison du rôle d'un ancien conseiller juridique du Pentagone, le général de brigade Thomas Hartmann, accusé à plusieurs reprises de faire pression sur les procureurs militaires et muté depuis.

Khaled Cheikh Mohammed, qui a reconnu avoir participé à plusieurs attentats terroristes, et assure lui-même sa défense, devrait mettre en doute l'impartialité du juge, le colonel Stephen Henley, qui remplace le colonel Ralph Kohlmann, un colonel des Marines prenant sa retraite en avril.

Les accusés sans avocat ont le droit, à Guantanamo, de contester le juge et de lui adresser directement des questions.

Selon le Pentagone, Khaled Cheikh Mohammed aurait proposé le concept des attentats du 11 septembre 2001 à Oussama ben Laden dès 1996. Après avoir reçu le feu vert du chef d'Al-Qaeda, il aurait supervisé l'opération en entraînant les pirates de l'air en Afghanistan et au Pakistan.

Les quatre autres sont accusés d'avoir entraîné les pirates de l'air ou de les avoir soutenus à des titres divers et d'avoir participé à l'organisation des attentats.

Jamais aucun proche des victimes du 11-Septembre n'avait été autorisé à assister à un procès à Guantanamo.

Le Pentagone a organisé un système de tirage au sort pour désigner cinq membres de familles de victimes, sur plus d'une centaine, qui pourront assister au procès, selon le porte-parole de la Marine le capitaine de frégate J.D. Gordon. Un ami ou membre de la famille pourra également accompagner quatre de ces cinq personnes.

On ignorait si les cinq accusés étaient au courant de la présence au procès de ces personnes.

Le commandant Jackson a précisé que son client, en tous cas, serait informé avant d'entrer dans la salle d'audience lundi. «C'est quelque chose sur lequel je vais attirer son attention», a-t-il déclaré.

Les familles seront installées derrière une paroi de plexiglas, à l'arrière de la salle d'audience, isolés des accusés, de la défense, de l'accusation et des juges militaires.

Le «retour son» qui leur parviendra sera décalé dans le temps de façon à ce que l'officier de sécurité responsable de la salle puisse le couper en cas de mention d'informations confidentielles.

Les audiences de la semaine prochaine sont des audiences préliminaires consacrées à la préparation des débats et ne doivent pas aborder la question du traitement des accusés.

Même si leurs jours sont comptés, les tribunaux militaires spéciaux chargés de juger les détenus de Guantanamo continuent à fonctionner comme prévu, a assuré vendredi le bureau du Pentagone chargé des procès.

«Dans l'armée, nous continuons à assurer notre mission jusqu'à ce qu'on nous dise de faire autrement», a déclaré Joseph DellaVedova, porte-parole du bureau des commissions militaires.