Le secret le moins bien gardé du moment s'est confirmé hier. Hillary Clinton sera la prochaine secrétaire d'État, a annoncé le président désigné Barack Obama. Mme Clinton accepte ainsi l'un des postes les plus influents de la prochaine administration, et aussi l'un des plus convoités.

«La nomination d'Hillary est un signe aux amis et ennemis du sérieux de mon engagement à renouveler la diplomatie américaine et restaurer nos alliances», a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse à Chicago.

 

Apparaissant derrière le même podium que le président désigné, Mme Clinton s'est dite ravie d'accéder à la tête de la diplomatie américaine.

«Le président Kennedy a déjà dit que la plus grande tâche du siècle était de convaincre les pays du monde d'affronter les éléments qui nous menacent. Eh bien, monsieur le président désigné, je suis fière de vous accompagner dans ce nouveau siècle pour ce qui sera une aventure difficile et excitante.»

M. Obama a vanté les mérites de son ancienne rivale, «une femme extrêmement intelligente» qui «suscite déjà le respect partout dans le monde». Durant la conférence de presse, il a affirmé avoir songé à offrir le poste à Mme Clinton il y a quelques semaines, après avoir remporté la présidence.

«Après les élections, j'ai commencé à voir Hillary dans le rôle potentiel de secrétaire d'État. Je lui ai offert le poste, et elle a accepté. Je sais que cette histoire n'est pas très croustillante, mais c'est tout ce que vous allez avoir», a-t-il dit, pince sans rire, aux journalistes.

En outre, M. Obama a reconduit à la tête du Pentagone l'actuel titulaire du poste Robert Gates. L'ancien directeur de la CIA, réputé pragmatique, est apprécié des démocrates et des républicains.

C'est la première fois qu'un secrétaire à la Défense est reconduit à son poste par un président désigné d'allégeance politique différente.

Lame à double tranchant?

La nomination de Mme Clinton a généralement été bien reçue hier aux États-Unis et ailleurs dans le monde. L'image de la main tendue par Obama à son ancienne rivale tranche avec l'unilatéralisme de Bush, source de bien des récriminations depuis huit ans.

Toutefois, le Wall Street Journal a soulevé un point intéressant, en rappelant qu'Obama a sacrifié une partie de son pouvoir en sélectionnant son ancienne rivale pour occuper ce poste clé.

Obama risque de provoquer une véritable guerre au sein du parti démocrate s'il devait décider, pour une raison ou une autre, de renvoyer sa secrétaire d'État.

«Une règle des relations avec les employés? N'engagez jamais une personne que vous ne pouvez pas vous permettre de renvoyer, a écrit l'éditorialiste Kimberley A. Strassel. L'offre de Barack Obama a été saluée de toutes parts. Mais rien n'est gratuit dans ce monde, et la question est de savoir si Obama va payer un prix important au bout du compte.»

Hier, le président désigné a dit que son choix de s'entourer d'anciens rivaux faisait partie de la philosophie de son administration.

«L'un des dangers de la Maison-Blanche, selon ce que je retiens de l'Histoire, est d'avoir une mentalité de meute, où tout le monde est d'accord avec tout le monde, a-t-il dit. Il n'y a pas de discussions. Il n'y a pas d'opinions divergentes. Donc, je vais encourager les débats vigoureux à la Maison-Blanche.»

«Mais comprenez-moi bien, a ajouté Obama. En tant que président, je vais être celui qui prend les décisions.»