Le président élu américain Barack Obama va nommer pour la première fois un Noir au poste de ministre de la Justice, Eric Holder, 57 ans, un ancien de l'administration Clinton qui va retrouver un département miné par les scandales des années Bush.

Alors que les couloirs de Washington bruissent toujours de rumeurs sur les futurs responsables du Département d'Etat ou du Pentagone, l'équipe de Barack Obama a laissé transpirer mardi dans des médias américains la nomination prochaine de cet avocat très en vue qui était un de ses proches conseillers de campagne.

Même si elle n'a pas été confirmée officiellement à l'AFP par l'équipe de transition, il s'agit de la première annonce d'une nomination au gouvernement Obama.

Diplômé de l'université de Columbia (New York) et ancien adjoint de la ministre de la Justice Janet Reno entre 1997 et 2000, il est le premier Noir à être devenu en 1993 procureur général de Washington, un des postes les plus cotés parmi les juristes américains.

«Obama lui a offert le poste (de ministre de la Justice) et il a accepté», assuraient mardi l'hebdomadaire Newsweek et la chaîne NBC, en citant des sources proches de l'équipe de transition.

Aujourd'hui avocat dans un grand cabinet de Washington, Eric Holder a participé avec Caroline Kennedy à la sélection du candidat à la vice-présidence pour le ticket démocrate.

L'équipe du président élu doit encore effectuer toutes les vérifications nécessaires sur son passé, avant que celui-ci ne soit effectivement nommé. Il devra ensuite être confirmé par le Sénat.

Parmi les épisodes jugés fâcheux dans sa carrière, son rôle dans la décision de Bill Clinton d'accorder la grâce présidentielle à Mark Rich à quelques jours de son départ de la Maison Blanche en janvier 2001.

Le pardon de cet homme d'affaire poursuivi aux Etats-Unis pour évasion fiscale a été ressenti comme scandaleux à l'époque, d'autant plus que l'homme avait fui en Suisse.

Mais selon Newsweek, «il n'y a aucune preuve que M. Holder ait poussé Clinton à accorder cette grâce» et cette erreur de jugement ne sera pas un obstacle à sa nomination.

L'annonce de sa nomination ne devrait quoiqu'il en soit pas intervenir avant celles, très attendues et plus symboliques encore, des secrétaire au Trésor et secrétaire d'Etat.

Le choix du ministre de la Justice de Barack Obama est crucial alors que le département de la Justice (DOJ) sort d'une période de scandales qui ont conduit au départ de deux ministres de l'administration Bush.

Outre les excès de zèle policiers et judiciaires qui ont succédé aux attentats du 11 Septembre, dont un cas doit passer devant la Cour suprême au mois de décembre, le département fait encore aujourd'hui l'objet d'une investigation du Congrès quant à ses dérives partisanes pendant les années Bush.

En 2006, le limogeage de neuf procureurs généraux jugés trop progressistes pour occuper ces postes clés par l'équipe Bush avait provoqué une vive émotion.

Un rapport a également révélé fin juillet des dérives dans les pratiques de recrutement au DOJ, où les candidats, même à des postes subalternes, devaient dire s'ils étaient favorables ou non à l'avortement ou au mariage homosexuel.

Une des premières tâches du nouveau ministre sera de déterminer la posture de la nouvelle administration dans les quelque 250 procédures menées par les détenus de Guantanamo devant des cours fédérales pour contester leur détention.

La plupart des éléments à charge dont dispose en effet l'accusation - le gouvernement - sont faibles ou ont été recueillis sous la contrainte selon la défense et les associations de défense des Droits de l'homme. Et la pertinence même d'essayer de garder ces hommes enfermés préventivement est encore à déterminer.