Si Barack Obama a déjà écrit l'histoire en devenant le premier Noir élu à la Maison-Blanche, l'après-scrutin est marqué par des incidents plus nombreux qu'à l'habitude qui montrent que le racisme a encore de beaux jours devant lui aux États-Unis.

Un peu partout dans le pays, la police a relevé de nombreux incidents plus ou moins graves allant du vandalisme à l'agression physique, dans au moins un cas, en passant par les injures et menaces proférées aussi bien par des adultes que des adolescents ou des enfants.

Il y a eu des «centaines» d'incidents racistes depuis l'élection du 4 novembre, soit beaucoup plus que la normale, affirme Mark Potok, directeur de l'Intelligence Project au Southern Poverty Law Center, une organisation qui recense les crimes de haine.

À Snellville, en Géorgie (sud), une mère noire affirme que dans le bus scolaire, au lendemain de l'élection présidentielle, un élève a lancé à sa fille de 9 ans: «J'espère qu'Obama sera assassiné». Cette nuit-là, affirme Denene Millner, quelqu'un a saccagé la pelouse devant la maison de sa belle-soeur, déchiqueté les pancartes pro-Obama qui s'y trouvaient et laissé devant la porte deux boîtes à pizza remplies d'excréments humains.

Mme Millner est partagée entre peur et colère. «Je ne peux pas dire que tous les Blancs de Snellville sont mauvais ou anti-Obama et prêts à saccager ma propriété parce qu'un ou deux imbéciles l'ont fait», dit-elle. «Mais cela vous amène certainement à avoir un regard un peu différent sur les gens avec lesquels vous vivez, à vous demander de quoi ils sont capables et ce qu'ils pensent vraiment.»

Selon Mark Potok, de nombreux Blancs «ont l'impression de perdre tout ce qu'ils connaissent et qu'on leur vole d'une certaine manière le pays construit par leurs ancêtres». L'arrivée d'un président noir dans un pays qui pratiquait encore la ségrégation raciale dans les années 1960 constitue «le changement le plus profond qu'ait connu ce pays en matière de «race» depuis la guerre de Sécession», analyse Williams Ferris, directeur adjoint du Centre pour l'étude du Sud américain à l'université de Caroline du Nord. «Cela ébranle les fondations sur lesquelles notre pays vit depuis des siècles.»

Au lendemain de l'élection d'Obama, Barbara Tyler, une lycéenne noire de Marietta (Géorgie), a déclaré avoir entendu des commentaires haineux d'élèves blancs sur le président-élu.

A Covington, dans le même État, un collégien dit avoir été suspendu pour avoir porté une chemise Obama dans son établissement après que le directeur de l'établissement eut demandé aux écoliers de ne pas arborer de signes politiques. Selon la mère de l'élève, Eshe Riviears, le directeur lui a expliqué: «que cela vous plaise ou non nous sommes dans le Sud et il y a beaucoup de gens qui ne sont pas contents» de l'élection d'Obama.

Parmi les autres incidents recensés, quatre étudiants de l'université de Caroline du Nord ont reconnu avoir écrit des commentaires anti-Obama dans un lieu public dont un à connotation raciste.

A Standish, dans le Maine (nord-est), un tableau à l'intérieur d'un petit magasin annonçait une loterie sur l'assassinat «d'Oussama Obama». Les clients pouvaient s'inscrire pour parier jusqu'à un dollar sur la date à laquelle serait assassinée selon eux Barack Obama. Au bas du tableau, cette phrase: «Espérons que quelqu'un gagne.»

Des graffitis racistes ont été découverts à Long Island, dans l'État de New York, à Kilgore (Texas) tandis que dans la région de Los Angeles des croix gammées, des injures racistes et des «retourne en Afrique» ont été peints sur des trottoirs, des maisons et des voitures.

Des écoliers âgés de 7 à 9 ans ont scandé «Assassinez Obama» dans un bus scolaire à Rexburg (Idaho), selon un responsable local. Des mannequins noirs ont été pendus à des arbres à Mount Desert Island, dans le Maine, a rapporté le Bangor Daily News.

Des croix ont été brûlées dans le jardin de partisans d'Obama à Hardwick (New Jersey) et Apolacan Tonwship (Pennsylvanie). Cette pratique est habituellement utilisée comme moyen d'intimidation par les groupes prônant la «suprématie» des Blancs comme le Ku Klux Klan.

Un adolescent noir de New York dit avoir été attaqué à la batte de base-ball le soir de l'élection par quatre hommes blancs qui ont crié «Obama».

Enfin dans la banlieue de Forest Hills, un homme noir dit avoir trouvé une note assortie d'une injure raciste sur son pare-brise, disant: «maintenant que tu as voté pour Obama, fait attention à ta maison.»