La victoire «extraordinaire» de Barack Obama à la présidence des États-Unis a été saluée à travers le monde comme un signe de «changement et d'espérance» par les alliés traditionnels de Washington mais aussi dans le camp le plus hostile à l'hégémonie américaine.

Les nouveaux géants asiatiques, la Chine et l'Inde, ont exprimé l'espoir que leurs relations avec la première puissance mondiale s'élèvent à «un nouveau niveau» tandis qu'en Europe l'unanimité était générale, Russie exceptée.

«Les peuples d'Inde et des États-Unis sont liés par leur attachement commun à la liberté, à la justice, au pluralisme, aux droits individuels et à la démocratie» a déclaré le premier ministre de la plus grande démocratie du monde, Manmohan Singh, en invitant le président élu à se rendre en Inde «dès que possible».

Un peu plus tôt le président chinois Hu Jintao avait déclaré vouloir «porter la relation constructive entre la Chine et les États-Unis à un nouveau niveau» après avoir vanté l'ouverture d'une «nouvelle période historique» dans les relations internationales.

Parlant pour l'Union européenne, le président français, Nicolas Sarkozy, a estimé que la «victoire brillante» de M. Obama soulevait «un immense espoir». «En vous choisissant, c'est le choix du changement, de l'ouverture et de l'optimisme qu'a fait le peuple américain», a dit M. Sarkozy.

«Au moment où nous devons faire face tous ensemble à d'immenses défis, votre élection soulève en France, en Europe et au-delà dans le monde un immense espoir. Celui d'une Amérique ouverte, solidaire et forte qui montrera à nouveau la voie, avec ses partenaires, par la force de l'exemple et l'adhésion à ses principes», a affirmé le président français.

Le premier ministre britannique Gordon Brown a salué «les valeurs progressistes» de M. Obama et «sa vision pour l'avenir», et la chancelière allemande Angela Merkel l'a félicité pour sa victoire «historique».

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a estimé que le moment était venu «d'un engagement renouvelé entre l'Europe et les États-Unis d'Amérique».

«Nous avons besoin d'un +new deal+ pour un nouveau monde. J'espère sincèrement que sous la direction du président Obama, les États-Unis joindront leurs forces à l'Europe pour mener à ce +new deal+», a déclaré M. Barroso.

En revanche, en Russie, les réactions officielles ont été plus neutres. Le président Dmitri Medvedev espère quant à lui que la «nouvelle administration américaine» optera pour de «bonnes relations» avec Moscou.

«Nous espérons que nos partenaires, la nouvelle administration des États-Unis, feront le choix de bonnes relations» avec la Russie, a-t-il déclaré sans citer le nom du président élu.

En Asie, M. Obama peut compter sur l'appui d'alliés traditionnels des États-Unis. Le président Hamid Karzai a estimé que l'élection de M. Obama avait «fait entrer le peuple américain, et avec lui le reste du monde, dans une ère nouvelle».

Le premier ministre japonais Taro Aso, la présidente des Philippines Gloria Arroyo et le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono ont applaudi l'élection de M. Obama.

Le Pakistan et l'Irak ont eu des commentaires plus mesurés. Le premier ministre pakistanais, Yousuf Raza, a émis le voeu que la présidence Obama crée «de nouvelles occasions de discuter des moyens de renforcer les relations entre le Pakistan et les États-Unis dans la guerre contre le terrorisme». Au cours de sa campagne Barack Obama s'était dit prêt à des frappes ciblées au Pakistan avec ou sans l'autorisation d'Islamabad.

De son côté, le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a réagi avec réserve à l'élection de M. Obama. «Nous respectons le choix des Américains», a-t-il déclaré à l'AFP. «Nous ne pensons pas qu'il y aura un brusque changement politique, et il n'y aura pas un désengagement rapide américain d'Irak, car une affaire importante se joue ici», a-t-il dit.

M. Obama avait annoncé pendant sa campagne qu'il entendait retirer la plus grande partie des troupes américaines d'Irak seize mois après son entrée en fonctions.

En Amérique latine, c'est Hugo Chavez, adversaire déclaré de l'administration Bush, qui, «en ce jour d'espérance pour les Américains» a félicité le plus chaleureusement Barack Obama qualifiant son élection d'«historique» et manifestant sa volonté d'établir de «nouvelles relations avec les États-Unis» en relançant «un agenda bilatéral constructif pour le bien-être des deux peuples».

Le grand voisin mexicain se félicite également d'un vent de changement et exprime sa confiance dans «l'émergence d'une nouvelle étape de progrès dans la relation entre les deux pays».

Paradoxalement, c'est le premier allié des États-Unis dans la région, le président colombien Alvaro Uribe, considéré comme idéologiquement proche de l'administration Bush, qui, malgré les félicitations d'usage, pourrait ne pas partager l'enthousiasme de son voisin vénézuélien.

En Afrique, c'est le premier président noir d'Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui donne le ton. «Votre victoire a démontré que personne, partout dans le monde, ne devrait avoir peur de rêver de changer le monde pour le rendre meilleur», écrit-il dans un télégramme.

Au Kenya, pays dont le père du président élu américain était originaire, le président Mwai Kibaki a décrété jeudi journée fériée «afin de permettre aux Kényans de célébrer l'exploit historique» de Barack Obama. Kogelo, le village de la grand-mère paternelle de M. Obama dans l'ouest du Kenya, a accueilli dans la liesse l'élection du sénateur de l'Illinois.

L'Afrique «est fière de vos résultats, et attend avec intérêt de fructueuses relations de travail», a déclaré le président sud-africain Kgalema Motlanthe à M. Obama dans un message. «Cette victoire porte en elle l'espoir pour des millions de vos compatriotes et pour des millions de personnes d'origine africaine», a-t-il ajouté.

Le Soudan, classé sur la liste américaine des États soutenant le terrorisme, a exprimé quant à lui l'espoir que la victoire de M. Obama introduirait «un changement réel» dans les relations entre les deux pays.

Au Proche-Orient, le porte-parole du ministère israélien des Affaires Etrangères Yigal Palmor, a déclaré à l'AFP que les relations entre Israël et les États-Unis sont promises à «un bel avenir» après la victoire de M. Obama.

Félicitant lui aussi M. Obama, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, l'a appelé à «accélérer les efforts déployés en vue de parvenir à la paix» au Proche-Orient.

Pour sa part, le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a appelé le président élu à «tirer la leçon des erreurs» des précédentes administrations américaines envers le monde arabo-musulman, et «notamment celle de (George W.) Bush».

Quant au secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, il a salué l'élection «historique» de Barack Obama et appelé le nouveau président à être un «médiateur honnête» de la paix au Proche-Orient, contrairement à l'administration Bush.

«Aujourd'hui est un jour spécial, un jour historique», a-t-il déclaré lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen à Bruxelles.

Enfin, le premier ministre australien Kevin Rudd a estimé que M. Obama avait concrétisé «le rêve» de Martin Luther King «d'une Amérique où hommes et femmes seraient jugés non pas sur la couleur de leur peau mais sur leur personnalité».