Les Afro-américains ont voté en très grand nombre lors de la présidentielle de mardi, exprimant à la fois leur fierté et leur espoir que le premier Noir de l'histoire accède à la présidence des États-Unis.

Mark Harness, un disc-jockey et serveur d'Atlanta a voté pour la première fois et ce scrutin est vraiment exceptionnel pour lui à plus d'un titre.

Il y a quatre ans quand le président George W. Bush avait remporté haut la main l'élection, il ne s'était même pas déplacé pour voter. Cette fois-ci, «c'est tout simplement beaucoup plus important. Cela me touche directement», souligne-t-il.

Dans tout le pays, des reportages ont montré une affluence totalement inédite au sein de la communauté noire américaine qui représente 12% de la population. Le démocrate Barack Obama a fait de la mobilisation des Afro-américains une carte maîtresse de sa stratégie pour faire basculer des États traditionnellement républicains, comme par exemple la Virginie.

Quatre minutes seulement après l'ouverture de son bureau de vote à Decatur, en Géorgie, le vigile James Lee rejoignait la longue file qui entourait déjà le collège d'Avondale réquisitionné pour l'élection.

«Quand Bush a été élu, il a semblé que le vote des Noirs ne valait absolument rien. Mais quand j'ai entendu Obama, je me suis senti inspiré par lui. Il veut changer le pays, changer de cap et il se préoccupe de tout le monde», souligne M. Lee.

«Je n'aurais jamais pensé pouvoir vivre suffisamment longtemps pour voir ça», soupire Alnett Wooten, une vieille dame de 86 ans qui a vécu les années de ségrégation et la lutte pour les droits civiques des Noirs.

Obama, né en 1961 au beau milieu de ces années-là, est déjà entré dans l'histoire américaine en devenant le premier Noir à obtenir l'investiture d'un des deux grands partis américains.

Roby Clark, 92 ans, qui attend pour voter à Chicago, n'en revient toujours pas. Il n'y a pourtant pas si longtemps, les lois raciales l'obligeaient à s'asseoir au fond d'un bus. Même quand il faisait son service militaire, il a subi le racisme et les insultes.

Mais pour lui, ce scrutin montre que le pays a vraiment changé. «Je pense que ce sera lui» le président, lance-t-il la mine réjouie.

Faton Fall, 40 ans, sa voisine dans la file d'attente, s'émeut jusqu'aux larmes en entendant M. Clark raconter les années de ségrégation. «Cela veut dire tellement tout ça pour moi», confie-t-elle dans un sanglot.

C'est justement dans le quartier sud de Chicago, à majorité noire, que Obama a travaillé dans une association juste après avoir décroché son diplôme d'avocat de la prestigieuse université de Harvard. C'est aussi là que sa femme Michelle a grandi.

À Las Vegas, Barbara Cole, 74 ans n'était pas sûre de pouvoir se rendre aux urnes avant son opération à l'épaule à 11H00 le matin. Mais elle s'était promise de voter pour le premier possible président noir. «J'ai dit à mon mari, j'irai même si si tu dois me pousser et me faire rouler en bas des escaliers», raconte-t-elle à l'AFP.