Avant même de connaître le nom du futur locataire de la Maison-Blanche, la communauté internationale et les médias, les yeux braqués sur l'Amérique, soulignaient mardi le caractère «historique» de ce scrutin pour les États-Unis et pour le monde.

«Ce que je sais, c'est que le leadership américain sera très important dans la période cruciale qui s'annonce et j'attends de travailler avec le prochain président quel qu'il soit», a déclaré le premier ministre britannique Gordon Brown, qui, fidèle à la tradition, n'a affiché aucune préférence pour celui qui va devenir le 44e président des États-Unis.

«Je pense que quel que soit le résultat de l'élection (...), l'histoire a été écrite pendant cette campagne, les femmes ont été sur le devant de la scène et un candidat noir a été sur le devant de la scène», a-t-il dit, quelques heures avant de savoir qui du candidat démocrate noir Barack Obama (47 ans) ou du républicain John McCain (72 ans) sera élu.

Pour M. Brown, le leadership américain sera «crucial» pour sortir de la crise financière internationale et le monde veut «travailler étroitement avec l'Amérique» pour atteindre cet objectif.

«J'espère du résultat électoral un grand regain de confiance dans l'économie mondiale et dans les relations internationales à travers le monde», a déclaré le chef du gouvernement socialiste espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.

Quant au chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, il a clairement dit que s'il était aux États-Unis, «il voterait Obama».

Plus prudents, ses deux homologues allemand et néerlandais, Peer Steinbrück et Wouter Bos, ont simplement parié sur une victoire du candidat démocrate.

La Serbie, qui n'a pas de bonnes relations avec l'administration sortante, les États-Unis ayant été parmi les premiers pays à reconnaître l'indépendance du Kosovo (province de Serbie pour Belgrade), a dit espérer «des changements à la Maison-Blanche».

Accompagnant la vague mondiale d'«Obamania», la presse française affichait mardi un soutien résolu au seul candidat jugé capable de «changer» l'Amérique, après la présidence «calamiteuse» de George W. Bush.

«La préférence est claire et sans appel. La planète, si elle pouvait voter, désignerait Barack Obama avec une majorité bien supérieure à ce qu'il peut espérer dans son propre pays», écrivait Le Figaro (droite).

Pour le journal Le Monde (gauche), «John McCain, homme d'expérience longtemps centriste, n'a cessé de se droitiser (...) Il représente la continuité, quand M. Obama, moins expérimenté, incarne l'espoir.»

En Amérique latine, le chef de l'État vénézuélien, Hugo Chavez, adversaire déclaré de «l'impérialisme américain», a prédit que les relations entre Caracas et Washington resteraient placées sous le signe de l'«affrontement» en cas de victoire de John McCain.

Figure légendaire des «anti-impérialistes» latino-américains, l'ex-président Fidel Castro, 82 ans, a qualifié McCain de «belliqueux», qui s'il est élu, ferait croître les risques de guerre dans le monde.

Alors que pour lui, l'élection d'Obama, partisan d'une détente avec l'île communiste, soumise depuis 1962 à un embargo américain, pourrait allumer «une lumière à l'horizon».

De son côté le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a exprimé sa sympathie pour Barack Obama, dont l'élection constituerait, selon lui, un «miracle», tout en déclarant que son gouvernement était «prêt à travailler» avec le vainqueur de la présidentielle aux États-Unis quel qu'il soit.

Au Proche-Orient, le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaal, s'est dit prêt à discuter avec le prochain président américain, quel qu'il soit. «Le Hamas est prêt au dialogue avec le prochain président, qu'il s'agisse (...) du démocrate (Barack) Obama ou du républicain (John) McCain», a dit le dirigeant au quotidien indépendant Al-Arab Al-Yawm.

Le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Gaza en juin 2007 à la faveur d'un coup de force contre l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, est considéré comme un mouvement terroriste par les États-Unis et l'UE.

Pour Israël «que ce soit Barack Obama ou John McCain, ils seront des amis d'Israël», a assuré le premier ministre du gouvernement de transition Ehud Olmert, soulignant «nos problèmes ici nécessitent des solutions immédiates». M. Olmert a également rendu un vibrant hommage au président Bush.

«Nous attendons le changement et nous espérons que cela pourra apporter la paix pour nous», a déclaré le président palestinien Mahmoud Abbas, espérant que le nouveau président «aura plus de succès dans ses efforts pour la création de la paix au Proche-Orient».

La presse du Golfe estimait elle aussi que les États-Unis étaient «au seuil d'un changement historique».

«Une date chargée d'histoire» pour le quotidien Gulf News de Dubai. «L'Amérique au seuil d'un changement historique», titrait l'édition du Golfe du quotidien panarabe Al-Hayat.

Le quotidien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat relevait que «les regards du monde sont braqués sur l'Amérique» et que «7% des électeurs indécis peuvent décider du résultat de l'élection».

Pour Al-Khaleej des Emirats arabes unis, le prochain président, quel qu'il soit, ne va pas bouleverser la politique américaine. «Le changement promis par Obama ou la correction (des politiques républicaines) proposée par McCain ne seront pas radicaux parce que les intérêts de l'Amérique ne peuvent s'accomoder d'un tel style», écrit-il.