Centre ville de Miami, rue Brickell. Il est midi. Un millier de personnes font la file devant la petite chapelle Immanuel Lutherian. Le temps semble suspendu.

Dans tout le comté de Miami-Dade, les bureaux de vote ont ouvert à 7h du matin et fermeront à 19h. Après trois heures d'attente, une jeune américaine ressort satisfaite, avec son autocollant «I voted today».

Après un avant-midi plutôt gris, les électeurs en ligne doivent maintenant surmonter la chaleur. Des bénévoles du parti Démocrate offrent des bouteilles d'eau. Les ambulanciers interviennent pour soulager une dame qui s'est évanouie. Plus loin, un policier surveille le ton des discussions entre les partisans des deux camps. La tension monte.«Nous patrouillons les bureaux de scrutin depuis la nuit dernier, explique le sergent Piedra, de la police de Miami. Je me demande à quoi va ressembler l'Amérique quand on va se réveiller demain matin. Les gens sont tellement divisés entre les Républicains et les Démocrates.»

À quelques mètres du policier, un vétéran s'est installé à une intersection avec sa pancarte jaune et noir, en faveur de Barack Obama. Mario Quyroga a fait la guerre du Vietnam. Ses fils sont en Irak et en Afghanistan. Il croit qu'il est urgent que les troupes américaines se retirent des deux zones.

«Je me fais lancer des injures par les partisans de John McCain depuis ce matin. Mais je m'en fous. Je ne vais pas bouger d'ici. La chance de voter pour un homme comme Obama ne se présente qu'une fois tous les 50 ans. Il ne faut pas la manquer. J'ai perdu mon frère au Vietnam, et je crois avec mon coeur qu'Obama est un homme de paix, qui saura rétablir l'économie.»

À ses côtés, une femme âgée, d'origine cubaine, est loin de partager son opinion. Elle se définit comme indépendant, mais explique qu'elle prie depuis des jours pour que John McCain devienne le prochain président des États-Unis. «Si Obama est élu on va connaître une autre révolution comme dans les années 60. La répartition de la richesse est un concept qui a détruit Cuba. Dans les faits ça ne fonctionne pas, ce sera un désastre pour la planète entière», dit Nancy Delgada, les poings refermés sur son coeur.

Dans tout l'état de la Floride, le déroulement du vote se déroulait plutôt bien, en fin d'après-midi, à part quelques anicroches électronique et empoignades, ici et là. Dans le comté de Palm Beach, centre-est de la Floride, les autorités ont craint le pire en matinée quand quelque centaines de lecteurs optiques ont connu des ratés. Des électeurs avaient par ailleurs reçu la mauvaise adresse pour voter.

Au sud-est, dans le comté de Miami-Dade, un millier de bureaux de scrutin ont été mis à la disposition des 1,2 électeurs inscrits. Une proportion record de 38% électeurs s'est prévalue du droit de vote par anticipation. Afin d'éviter le fiasco des bulletins de vote de l'an 2000, avec les ratés du système à perforer les bulletins de vote, le comté transmet sur son site Internet des images en direct de l'endroit où les urnes sont acheminées. Plus de 9000 personnes travaillent au bon fonctionnement de la journée.