La fièvre ne cesse de monter aux États-Unis à la veille d'un scrutin historique. Plus de 27 millions d'électeurs ont déjà voté par anticipation. Même si la moyenne des sondages lui donne une avance de 7%, une question cruciale demeure: en vertu du fameux «effet Bradley», l'électorat blanc renoncera-t-il, une fois dans l'isoloir, à ouvrir les portes de la Maison-Blanche à un candidat noir?

La frénésie électorale a grimpé d'un cran hier aux États-Unis, où des centaines de milliers de bénévoles faisaient du porte-à-porte, téléphonaient aux électeurs ou encourageaient tout simplement les automobilistes à klaxonner en signe d'appui à leur candidat.

L'enthousiasme au sujet de l'élection est aussi visible dans le nombre de citoyens qui ont déjà voté. Au total, 27 millions d'électeurs ont envoyé leur vote par la poste ou ont voté par anticipation, un record dans une élection américaine, selon l'Associated Press. La majorité des votes enregistrés dans les États clés favorisent les démocrates.

«Dans certains de ces États, c'est carrément du jamais vu», a dit Michael P. McDonald, professeur de sciences politiques à l'Université George Mason.

Hier, les deux candidats ont passé la journée à parcourir des États que leurs partis respectifs ont perdus en 2004.

John McCain était en Pennsylvanie et au New Hampshire, où il cherchait à motiver ses partisans. «Il ne reste que deux jours. Nous avons quelques points d'arrière en Pennsylvanie. Les commentateurs pensent que c'est fini. Mais j'ai des nouvelles pour eux: Mac est de retour», a-t-il dit.

Aujourd'hui, McCain va faire campagne dans six États: la Floride, la Virginie, l'Indiana, le Tennessee, le Nouveau-Mexique et le Nevada.

Hier, Barack Obama a prononcé des discours dans trois villes en Ohio, un État clé où les sondages lui donnent une avance de six points. Aujourd'hui, il va visiter la Floride, la Caroline-du-Nord et la Virginie avant de rentrer chez lui à Chicago.

«Après 12 mois et trois débats, John McCain n'a toujours pas été capable de nommer un point sur lequel il est en désaccord avec George Bush en ce qui concerne l'économie», a martelé Obama samedi à Las Vegas.

Les analystes se prononcent

À quelques heures du vote, les analystes politiques ont commencé à faire leurs prédictions. Le tableau n'est guère reluisant pour John McCain.

À l'émission non partisane This Week, au réseau ABC, les cinq spécialistes invités ont tous donné Obama vainqueur par une marge importante.

Ed Rollins, ex-stratège républicain sous Ronald Reagan, prédit quant à lui un raz-de-marée Obama. «Ce ne sera pas serré du tout. Ce sera une victoire retentissante pour M. Obama.»

Hier, l'analyste Chuck Todd, du réseau NBC, a expliqué que McCain se dirige vers une défaite, et ce, même s'il réussit à gagner dans tous les États clés présentement en jeu.

Participation record

À deux jours du vote, les craintes qu'une participation record et un système saturé ne paralysent le scrutin se font vives. Personne ne veut voir se répéter le scénario de Floride en 2000, lorsque la Cour suprême avait eu le dernier mot.

Dans les États qui ont voulu tirer les leçons de la Floride en adoptant des machines à voter à écran tactile pour remplacer les bulletins de papier, l'inquiétude se résume à deux questions: y aura-t-il assez de machines? Et tiendront-elles le coup?

Le département de la Justice a déployé environ 800 agents du gouvernement fédéral dans 59 points chauds de 23 États.