A deux jours du scrutin présidentiel américain, les craintes qu'une participation record et un système saturé n'entraînent une paralysie électorale se font vives, personne ne souhaitant revivre l'épisode de 2000 qui avait donné le dernier mot à la Cour suprême.

En 2000, la Floride avait coûté l'élection au démocrate Al Gore, battu dans cet Etat par George W. Bush avec seulement 537 voix d'avance. La Cour suprême avait mis fin à un recomptage des votes interminable et proclamé George W. Bush président. Or beaucoup craignent que les systèmes électoraux adoptés à la suite de cet épisode n'aient fait que compliquer le processus.De longues files d'attentes se forment déjà chaque jour dans les Etats-clés susceptibles de faire basculer l'élection, où les bureaux de vote ont été ouverts en anticipation du scrutin de mardi qui départagera le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain dans la course à la Maison Blanche.

Dans les Etats qui ont voulu tirer les leçons de la Floride en adoptant les machines à voter à écran tactile pour remplacer les bulletins papier, l'inquiétude se résume à deux questions: y aura-t-il assez de machines, et vont-elles tenir le coup ?

Environ 800 agents du gouvernement fédéral ont été déployés dans 59 points chauds de 23 Etats par le département de la Justice.

Le secrétaire à la Justice, Michael Mukasey, a promis que son ministère ferait «tout ce qu'il peut pour que l'élection se passe le mieux possible, et, ce qui est aussi important, pour que les Américains aient confiance dans le processus électoral».

«Nous allons travailler très dur pour nous assurer que chaque voix compte. Mais nous sommes réalistes: nous ne sommes pas dans un monde parfait et nous savons que le système a des défauts», note Stephanie Young, de l'organisation indépendante Rock the Vote.

Comme d'autres, ce groupe est en contact avec des avocats pour s'assurer qu'aucun citoyen ne se voie refuser l'accès aux urnes sans raison valable.

Les jeunes électeurs font l'objet de toutes les attentions de Rock the Vote, dont le site internet a enregistré 2,5 millions de téléchargements de formulaires d'enregistrement sur les listes électorales cette année.

«Nous avons beaucoup de volontaires sur le terrain pour apporter aux gens des chocolats chauds, un peu de distraction, peut-être leur raconter des blagues», raconte Stephanie Young. Le but est «de s'assurer que les jeunes ne seront pas découragés par les longues files d'attente».

Plusieurs associations de défense des droits civils, regroupées sous le nom d'Election Protection Coalition, ont créé une ligne téléphonique d'urgence (-1-866-OUR-VOTE) et un site internet (ourvotelive.org) pour «sentir les tendances et identifier rapidement les zones à problèmes, afin de supprimer toutes les entraves que rencontrent les électeurs», explique Jonah Goldman, de la campagne nationale pour des élections équitables (National Campaign for Fair Elections).

L'association Video the Vote dispose de 3.000 volontaires prêts à filmer toute anomalie et à mettre leurs vidéos en ligne. «Nous pensons que l'un des problèmes majeurs le jour de l'élection sera le nombre insuffisant de machines à voter. On l'observe déjà en Floride», note son fondateur Ian Inaba.

La National Association for the Advancement of Colored People (NAACP, Association nationale pour l'avancement des gens de couleur), a porté plainte en Virginie (est), affirmant que les autorités de l'Etat n'étaient pas prêtes à faire face à une participation exceptionnelle.

Plusieurs Etats-clés comme la Virginie, mais aussi l'Ohio, la Floride, le Colorado, la Pennsylvanie, devraient enregistrer cette année des taux de participation record, proches de 90%.