Films anti-musulmans, accusations de fraude, fausse circulaire priant les démocrates de voter au lendemain du scrutin: les coups bas, simples farces ou propagande douteuse, se multiplient à l'approche du 4 novembre, jour de l'élection présidentielle américaine.

Traditionnels aux Etats-Unis quand le scrutin est imminent, ces mauvais coups sont défendus par leurs auteurs en vertu de la sacro-sainte liberté d'expression.

En Virginie (est), une fausse circulaire indique que «tous les partisans des républicains et les indépendants soutenant les républicains voteront le 4 novembre comme le prévoit la loi» mais que les démocrates «voteront le 5 novembre».

Un faux dépliant, distribué à Philadelphie (nord-est), prévient que tous ceux qui n'ont pas payé leurs contraventions risquent d'être envoyés en prison à leur arrivée au bureau de vote.

Ces pratiques visent le plus souvent les minorités --qui soutiennent à une majorité écrasante le démocrate Barack Obama-- et, même si les informations truquées concernant les élections sont interdites, la loi est difficile à faire respecter.

C'est une façon «insidieuse» de dissuader des électeurs de voter et le plus souvent leurs auteurs restent impunis, souligne un rapport d'un organisme de surveillance de la vie politique, Common Cause.

Dernièrement, des adversaires du candidat démocrate ont vandalisé des pancartes plantées devant les maisons en remplaçant la lettre «B» d'Obama par un «S» pour en faire «Osama», l'orthographe anglaise du prénom du chef d'Al Qaïda, Oussama ben Laden.

Une jeune femme blanche de l'Ohio (nord) a raconté s'être fait graver un «B» (pour Barack) sur la joue par des agresseurs parce que sa voiture portait un autocollant au nom du candidat républicain John McCain. Elle a admis ensuite avoir menti et s'être mutilée elle-même.

Les deux camps s'accusent mutuellement de fraude lors des inscriptions sur les listes électorales. Le Comité national républicain a mis en ligne une liste des «cas de fraude récents» tandis que le Comité national démocrate publiait sur internet «Le décompte des mensonges».

Alors que beaucoup d'électeurs pensent encore qu'Obama est Arabe ou musulman, les boîtes aux lettres des électeurs des Etats-clés ont été inondées de propagande islamophobe, notamment une vidéo d'une heure intitulée «Obsession: la guerre de l'islam radical contre l'Occident».

Ce DVD a été envoyé à 28 millions de personnes par le Clarion Fund, association censée «informer l'opinion des menaces concernant la sécurité nationale». Le film montre des scènes d'enfants récitant des appels au jihad, entrecoupées d'images des jeunesses hitlériennes.

«La loi sur le financement des campagnes ne s'occupe pas de l'exactitude des déclarations qui sont faites,» relève Paul Ryan, conseiller juridique à la Commission électorale fédérale. «Le Premier Amendement (de la Constitution) protège le droit des individus à s'exprimer librement dans beaucoup de cas, si ce n'est la plupart, avec très peu, voire aucune limite».

Les attaques continuent donc: quelques-unes viennent de sympathisants de gauche, comme l'association BraveNewPAC.org, qui diffuse une publicité s'interrogeant sur la santé de McCain, 72 ans, et mettant en garde les femmes sur l'interdiction de la contraception sous son administration.

D'autres, comme le groupe chrétien «Focus on the Family», peignent l'Amérique de 2012 comme un pays «où les magazines pornographiques seront exposés aux yeux de tous».

Une publicité du National Republican Trust PAC affirme qu'Obama a financé un permis de conduire au pirate de l'air du 11-Septembre, Mohammed Atta.

L'organisme de surveillance Factcheck.org qualifie cette publicité «de l'une des plus outrageusement mensongères de la campagne.»