Très courtisés par les deux camps, les quelque 6% d'électeurs américains indécis joueront un rôle clé lors de la présidentielle, meilleur espoir de John McCain pour parvenir à réduire l'écart avec son adversaire démocrate Barack Obama qui domine toujours les sondages.

 

À J-6 du scrutin, les Américains qui assurent encore aux sondeurs n'avoir pas pris leur décision font l'objet d'une attention toute particulière. Les états-majors républicain et démocrate appellent leurs partisans à convaincre les éventuels indécis de leur entourage de se rendre aux urnes.

Il n'y a pas «un seul profil-type d'électeur indécis», observe Curtis Gans, directeur du centre d'étude de l'électorat américain de l'American University à Washington.

Cela peut être l'électeur négligent qui n'a pas le temps de s'intéresser à la politique, ou celui qui n'y trouve pas d'intérêt, ou bien au contraire, celui qui souhaite se donner jusqu'au dernier moment pour prendre sa décision, explique M. Gans.

Ces indécis, très difficiles à cerner, peuvent se trouver dans tous les milieux sociaux, selon l'universitaire.

Les sondages donnent une avance confortable au candidat démocrate Barack Obama avec 50,3% contre 44,1% au républicain John McCain, selon une moyenne réalisée entre les 21 et 27 octobre par le site indépendant spécialisé RealClearPolitics (RCP).

La moyenne au niveau national des personnes se disant encore indécises se situe aux alentours de 6%.

Mais ces sondages montrent que les derniers électeurs indécis se sont reportés sur John McCain, qui gagne un point par rapport à la moyenne réalisée entre les 19 et 26 octobre.

Le choix de ces électeurs indécis devrait être particulièrement déterminant dans les États-clés où le vote est très disputé.

En Floride par exemple, l'écart dans les derniers sondages est de 1,9% en moyenne, selon RCP. Or, à 47,7% d'intentions de vote pour Obama contre 45,8% pour son adversaire, les 6,5% d'indécis peuvent jouer un rôle important.

Même chose dans l'Indiana, où l'écart n'est que de 0,3% en faveur de Barack Obama.

Mais l'élection de 2008, à l'issue de laquelle Barack Obama pourrait devenir le premier président noir de l'histoire des États-Unis, ne ressemble pas aux scrutins du passé, en raison du facteur racial qui brouille les cartes.

L'indécision de ces électeurs pourrait en fait masquer les ambivalences de certains votants quant à la couleur de peau du candidat démocrate.

Selon une théorie appelée «l'effet Bradley», du nom de Tom Bradley qui a perdu l'élection au poste de gouverneur de Californie en 1982 alors qu'il menait dans les sondages, certains électeurs diraient aux sondeurs qu'ils sont indécis ou bien qu'ils soutiennent Obama par crainte de paraître racistes. Mais une fois dans l'isoloir le 4 novembre, ils voteraient pour John McCain.

Selon M. Gans, «il y a un nombre indéterminé de personnes aux États-Unis qui votent contre M. Obama à cause de sa race, mais on ne connaît pas la taille de la partie immergée de l'iceberg».

Mais pour David Bositis, politologue spécialisé dans les études sur la communauté noire et les autres minorités, «il n'y a pas de facteur raciste caché, les gens ne mentent pas aux sondeurs», affirme-t-il.