Le défi est de taille, peut-être même insurmontable pour John McCain. Pour l'emporter, alors que tous les sondages le donnent derrière Barack Obama, il tente de semer le doute sur les réformes fiscales prônées par son adversaire démocrate, et sur ses capacités à devenir le chef des armées.

A quelques jours de la présidentielle américaine du 4 novembre, dans un climat politique extrêmement favorable à M. Obama, M. McCain n'a que très peu d'options pour atteindre les 270 grands électeurs nécessaires à son élection. Sa stratégie de campagne, État par État, ne lui laisse aucune marge d'erreur.

L'équipe républicaine est bien consciente des difficultés: la crise économique qui souffle un vent contraire, le taux de popularité de George W. Bush au plus bas dans les sondages, et l'énorme avantage financier de Barack Obama. Mais les conseillers de John McCain pensent toujours que la victoire est possible, bien que certains émettent des doutes en privé.

Même s'il n'en est pas fait état dans la campagne, l'une des inconnues majeures dont le sénateur de l'Arizona pourrait bénéficier concerne l'attitude des électeurs quant à la couleur de peau de M. Obama. Ce dernier, métis de père noir et de mère blanche, deviendrait le premier président noir des États-Unis, et un sondage Associated Press-Yahoo Actualités le mois dernier a montré qu'environ un tiers des démocrates blancs nourrissent des préjugés négatifs sur les Noirs. La même enquête montrait que le pourcentage d'électeurs qui pourraient se détourner de Barack Obama à cause de sa couleur dépasserait 2,5% -plus que l'écart final entre George Bush et John Kerry en 2004.

La stratégie républicaine repose sur une victoire dans la plupart des États où George Bush l'a emporté il y a quatre ans, en espérant que la carte électorale restera à peu près la même.

Les États les plus disputés sont la Floride, le Missouri, la Caroline du Nord, la Virginie, l'Indiana et l'Ohio, où les sondages donnent soit les deux candidats à égalité, soit une légère avance à Obama. Les conquérir apporterait 260 grands électeurs à M. McCain.

Dans ce cas, le républicain devrait encore obtenir dix votes supplémentaires en l'emportant dans plusieurs États où Bush avait lui-même gagné, comme le Névada (5 grands électeurs) et le Colorado (9), où les sondages sont serrés, mais aussi l'Iowa (7) et le Nouveau Mexique (5), où M. Obama est largement donné en tête.

L'équipe McCain compte enfin sur la Pennsylvanie (21 grands électeurs), le seul État remporté par John Kerry en 2004 que les républicains tentent sérieusement de disputer. La Pennsylvanie n'a pas voté pour un président républicain depuis 1988 et les sondages donnent une large avance à Barack Obama. Toutefois, ce dernier y a été battu par Hillary Clinton lors des primaires démocrates, et les stratèges républicains estiment qu'un grand nombre d'électeurs ne reporteront pas leurs voix sur le candidat investi.

La campagne McCain a beaucoup misé sur l'histoire de «Joe le plombier», utilisé comme un argument économique contre M. Obama. Ses conseillers affirment qu'elle va faire son chemin dans l'esprit des électeurs masculins blancs, et de ceux qui n'ont pas reçu d'éducation universitaire.

Joe Wurzelbacher avait interpellé Barack Obama sur sa politique fiscale lors d'un meeting dans l'Ohio, et ce thème avait été récupéré par John McCain et sa colistière Sarah Palin. Même si le personnage n'est pas si idéal que cela -il doit de l'argent au fisc et n'est pas plombier agréé- l'équipe républicaine pense qu'il a contribué à présenter M. Obama comme quelqu'un qui ne souhaite qu'augmenter les impôts.

John McCain continue aussi à décrire Barack Obama comme trop inexpérimenté pour devenir le chef des armées. Pendant sa campagne, de nombreux courriels distribués dans les États indécis suggéraient que le candidat démocrate serait prêt à négocier avec les terroristes, en rappelant ses propos, lors d'un débat l'an dernier, où il affirmait qu'il rencontrerait les dirigeants des États voyous sans condition préalable.

La campagne de M. McCain continue également de lier systématiquement M. Obama à William Ayers, l'ex-extrémiste de gauche dans les années 60, et cofondateur du Weather Underground, d'opposition violente à la guerre du Vietnam, en dépit des sondages qui montrent que ce type d'argument ne rencontre que peu d'écho chez les électeurs.