Certains lui reprochent d'être une «diva», d'autres de «travailler à son propre avenir»: les relations se sont crispées entre Sarah Palin et le camp McCain, qu'elle accuse de son côté de lui imputer par avance la responsabilité d'une éventuelle défaite le 4 novembre.

La semaine aura été difficile pour la candidate républicaine à la vice-présidence des États-Unis: après une rafale de sondages négatifs quant à sa capacité à assumer le rôle auquel elle prétend, après les révélations embarrassantes sur la facture de sa garde-robe, des membres de l'équipe de John McCain, cités par plusieurs médias américains, ont dressé un tableau noir de ses relations avec l'État-major de campagne. «C'est une diva. Elle ne prend conseil de personne», a déclaré sous le couvert de l'anonymat un responsable du camp McCain au site Internet spécialisé dans la politique Politico.

«Elle n'a de relations de confiance avec aucun d'entre nous, sa famille ou qui que ce soit», a-t-il ajouté.

Selon un autre responsable, cité sur CNN, Mme Palin «travaille à son propre avenir et se voit comme le prochain chef du parti (républicain). Souvenez-vous: les divas ne font confiance qu'à elles-mêmes, elles se voient comme le commencement et l'aboutissement de tout savoir».

Sarah Palin serait en fait, selon ses proches cités par Politico, exaspérée par les remarques des conseillers du camp républicain, accusés par ses militants d'être à l'origine d'une série de gaffes dans sa communication.

Ce qui la pousserait à faire de plus en plus la sourde oreille aux directives des stratèges républicains. «Elle a perdu confiance dans la plupart des conseillers», explique un responsable républicain.

Ses fidèles prennent pour cibles le directeur de campagne de John McCain, Steve Schmidt, et sa première conseillère, Nicole Wallace, accusés d'avoir déjà commencé à lui faire endosser la responsabilité de l'échec de John McCain à l'élection.

«Ces gens vont la juger et la mettre en pièce après la campagne pour cacher leur propre responsabilité», explique de même source un autre membre de l'équipe McCain.

Interrogé par l'AFP à ce propos, Mme Wallace a répondu: «Je n'ai pas de commentaire à faire, si ce n'est que si on veut me jeter la pierre... je suis prête à la recevoir».

Sarah Palin continue toutefois de bénéficier du soutien indéfectible, quoique embarrassé, de son co-listier. Dimanche sur NBC, John McCain est venu à son secours, comme à chaque fois qu'elle a été attaquée pendant la campagne.

«Je ne la défends pas, je fais son éloge, elle n'a pas besoin d'être défendue», a-t-il déclaré. Manifestement mal à l'aise, il a égrené les états de service de Mme Palin - maire puis gouverneure -, assurant qu'elle avait «plus d'expérience de l'exécutif que les sénateurs Obama et Biden à eux deux».

«Je suis fier de sa manière d'enflammer les foules, la manière dont elle s'est elle-même propulsée là où elle est aujourd'hui est très honorable», a-t-il insisté.

Mais si elle galvanise toujours les foules dans les meetings, Sarah Palin, qui avait relancé la campagne du sénateur de l'Arizona, lors de sa nomination fin août, la fait aujourd'hui plonger dans les sondages.

Pas la peine de chercher plus loin l'origine des tensions à l'intérieur du camp républicain, selon un conseiller de John McCain cité par CNN: «C'est ce qui arrive quand une campagne est à la traîne: (...) on cherche des boucs émissaires».