La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et son homologue mexicaine Patricia Espinosa ont discuté jeudi de dossiers bilatéraux et surtout de la lutte contre le trafic de drogue endémique au Mexique, qualifiée de «priorité de sécurité nationale».

À l'occasion d'une conférence de presse donnée conjointement avec Mme Espinosa, la secrétaire d'Etat américaine a déclaré qu'elle ne prenait «pas très sérieusement» les mises en garde iraniennes lancées contre le projet d'accord entre Bagdad et Washington.

«Je pense que les Irakiens peuvent défendre leurs intérêts sans les Iraniens, merci beaucoup» a souligné Mme Rice.

Arrivée la veille à Puerto Vallarta, une station balnéaire du Mexique, Mme Rice a discuté jeudi de plusieurs dossiers de coopération bilatérale avec son homologue mexicaine et notamment du plan anti-drogue dit «Initiative de Merida».

«L'Initiative de Merida est une démonstration de la maturité de notre coopération bilatérale fondée sur la responsabilité partagée (...) La première réunion du groupe bilatéral de haut niveau de l'Initiative se tiendra fin novembre à Washington», a souligné pour sa part la ministre mexicaine.

«L'Initiative de Merida» prévoit une aide de 1,6 milliard de dollars en trois ans au Mexique, à l'Amérique centrale et aux Caraïbes, selon Washington.

Cette aide au Mexique approuvée en juin par le Congrès américain, doit se traduire surtout par la fourniture d'avions, hélicoptères et autres moyens de surveillance, dont la livraison connaît quelque retard.

A cet égard, Mme Rice a assuré que leur expédition était imminente ajoutant que cette Initiative conduisait l'«effort commun à un niveau supérieur. Pour les Etats-Unis il s'agit d'une initiative très importante, un objectif urgent (...) car il va améliorer la sécurité du Mexique et des Etats-Unis».

«Le financement va commencer, car il s'agit d'une priorité de sécurité nationale pour Mexico et aussi pour les Etats-Unis», avait déclaré Mme Rice la veille pendant le vol vers le Mexique.

«Le Mexique est confronté à des difficultés sans précédent en matière de criminalité et de liens entre crime et drogue, qui, compte tenu de la vaste frontière que nous partageons, ont aussi d'importantes conséquences pour les Etats-Unis», avait-elle encore expliqué.

Les deux gouvernements préparent les documents à signer pour déclencher la livraison de l'aide technique prévue par «l'Initiative de Merida». Elle devrait intervenir dans un délai «inférieur à plusieurs semaines», avait indiqué pour sa part Tom Shannon, vice-secrétaire d'Etat pour les questions de l'hémisphère occidental, qui accompagne Mme Rice.

La guerre sanglante à laquelle se livrent les cartels de la drogue, entre eux et contre la police, a fait plus de 3.800 morts au Mexique depuis le début de l'année dans l'ensemble du pays, selon des estimations de la presse. La seule ville de Ciudad Juarez, juste en face d'El Paso, au Texas, en déplore plus de 1.000.

Par ailleurs, les deux chefs de la diplomatie ont signé un accord de coopération bilatérale d'assistance mutuelle en cas de désastres naturels et accidents sur leurs territoires respectifs.

Elles ont également discuté de questions relatives au dialogue sur les procédures à venir au Conseil de Sécurité des Nations unies, où le Mexique siègera comme membre non-permanent entre 2009 et 2010, des affaires frontalières et de la crise financière mondiale.

«Il n'y a pas de meilleur ami pour nous que le Mexique», a déclaré en outre Mme Rice.

Il s'agissait de la deuxième visite officielle de Mme Rice au Mexique en tant que secrétaire d'Etat, depuis celle effectuée en 2005, l'année de sa nomination. Elle y était revenue, en y accompagnant le président George W. Bush dans le cadre de la coopération américano-mexicaine.

Mme Rice devait regagner directement jeudi les Etats-Unis.