Le président George W. Bush a appelé mardi son successeur à poursuivre son oeuvre sur l'aide au développement malgré la crise économique mondiale, dressant le bilan d'un des rares chapitres de sa politique étrangère dont le succès est largement reconnu.

«Dans les temps de crise économique, certains pourraient être tentés de se replier sur eux-mêmes, de se consacrer aux problèmes que nous avons ici, chez nous, et d'ignorer nos intérêts dans le monde», a dit M. Bush, qui quittera la Maison Blanche en janvier, dans un discours aux accents de testament à Washington.

«Ce serait une grave erreur. L'Amérique a pris l'engagement, et l'Amérique doit tenir son engagement envers l'aide internationale, pour des raisons qui restent valables indépendamment du flux et du reflux sur les marchés», a-t-il dit.

C'est dans l'intérêt de la sécurité des Etats-Unis, mais aussi dans leur intérêt économique et moral, a-t-il dit lors d'une conférence sur le développement à Washington.

Sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, avait tenu à peu près le même langage un peu plus tôt à l'ouverture de cette conférence-testament.

«Pour les Etats-Unis, l'aide au développement international représente davantage que l'expression de notre compassion. C'est un investissement vital dans un ordre mondial libre, prospère et pacifique qui sert fondamentalement nos intérêts nationaux», a expliqué la chef de la diplomatie américaine.

Dans ce contexte, Mme Rice a appelé à conclure avec succès les négociations de Doha sur la libéralisation des échanges dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) afin d'envoyer un «signal fort» à l'économie mondiale en crise.

«Achever avec succès les négociations de Doha enverrait un signal fort montrant que la réponse du monde sera fondamentalement différente de celles du passé, fondamentalement différente de celles des années 30», a-t-elle ajouté.

A cette époque là, «beaucoup de pays, y compris les Etats-Unis, se sont repliés sur eux-mêmes, ont adopté des pratiques protectionnistes et ont aggravé la crise», a-t-elle poursuivi.

Mme Rice a insisté sur les accomplissements de l'administration américaine. «Depuis 2001, nous avons doublé notre aide à l'Amérique Latine, quadruplé notre aide à l'Afrique et triplé (notre aide) globalement», a-t-elle déclaré. «Au total, les efforts d'aide au développement des Etats-Unis sur les huit dernières années représentent le programme le plus vaste depuis le plan Marshall».

La présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, venue pour l'occasion, a rendu hommage aux efforts de M. Bush dans ce domaine.

«Les Etats-Unis ont montré la voie de façon extraordinaire ces huit dernières années», a-t-elle affirmé, avant de déclarer le Libéria «prêt» à recevoir une aide financière de la Société du Défi Millénaire (MCC).

Le MCC, un programme lancé par l'administration Bush qui lie l'aide au développement à la bonne gouvernance, est l'une des initiatives que la prochaine administration pourrait conserver, selon son président John Danilovich.

Joe Biden, le colistier du candidat démocrate Barack Obama, «a dit qu'il soutenait le MCC et qu'il voulait le développer et l'améliorer», a déclaré M. Danilovich à l'AFP.

La directrice de l'USAid, Henrietta Fore, a confirmé que l'administration sortante était en consultation avec les équipes de campagne des deux candidats à ce sujet.

«Ces discussions vont se poursuivre jusqu'à l'élection et après l'élection», a-t-elle indiqué à l'AFP. «Et le message que nous recevons aujourd'hui, c'est que nos engagements sur le développement envers le monde entier est durable et ferme».