À deux semaines de l'élection présidentielle américaine, le démocrate Barack Obama continue de faire la course en tête dans les sondages mais les experts affirment que la course à la Maison Blanche n'est pas encore entièrement jouée.

 

Un retour du républicain John McCain est possible même si, fait remarquer Peter Brown, un responsable de l'institut de sondage de l'université Quinnipiac, «les chances d'un raz-de-marée en faveur du candidat républicain sont très minces».

Si M. McCain devait gagner, ce serait «d'un cheveu», estime M. Brown.

Pour éviter cette déconvenue, M. Obama exhorte ses partisans à ne pas se démobiliser. «Nous ne devons pas relâcher nos efforts», a-t-il dit lundi lors d'un meeting en Floride (sud-est).

Selon les différentes études, environ un électeur sur cinq se déclare toujours indécis ou capable de changer de candidat. Ces électeurs sont l'espoir du camp républicain.

«La probabilité la plus forte est qu'Obama remporte l'élection parce que depuis plusieurs semaines il arrive en tête des sondages que nous avons réalisés», dit Frank Newport, un responsable de l'institut Gallup, cité par le Chicago Tribune. «Mais, a ajouté cet expert, les écarts sont assez faibles pour que, compte tenu de la participation, on ne puisse exclure une victoire de McCain».

Selon le site indépendant spécialisé RealClearPolitics, lundi soir, M. Obama bénéficiait d'une avance de près de 6 points sur son rival.

Beaucoup d'experts citent le cas de Ronald Reagan, à la traîne dans les sondages derrière le président sortant démocrate Jimmy Carter en octobre 1980, mais qui remporta la Maison-Blanche haut la main en novembre.

L'histoire n'est pas vraiment comparable. En 1980, M. Reagan avait eu l'occasion de faire la différence avec son rival lors d'un débat télévisé diffusé une semaine seulement avant le jour de l'élection.

Selon des experts, il faudrait un événement extraordinaire comme une crise internationale majeure ou une attaque terroriste pour inverser la tendance.

Selon Allan Lichtman, un historien spécialiste des élections présidentielles à l'American University de Washington, «les retournements de situation de dernière minute n'existent pas».

«Chaque candidat qui est à la traîne veut vous raconter l'histoire de Harry Truman. Mais il n'y a pas eu de Harry Truman depuis 60 ans», dit-il.

En 1948, le président sortant démocrate Harry Truman était donné battu par le républicain Thomas Dewey et un quotidien avait imprudemment titré: «Dewey bat Truman». L'histoire se souvient d'une photo de Truman, hilare, montrant la une erronée à ses partisans en liesse après sa réélection.

Lors des dernières élections, l'écart s'est souvent resserré à l'approche du scrutin sans permettre un retournement de situation.

«Dans l'histoire américaine moderne, aucun candidat aussi distancé dans les sondages que le sénateur McCain n'a gagné l'élection», assure M. Brown.

Une grande inconnue du scrutin, sinon la principale, est de savoir si la couleur de peau de M. Obama est susceptible de changer la donne.

«Ce qui ne manque pas de fasciner dans la politique américaine est que vous vous demandez toujours quelle chose insensée pourrait se produire et que quelque chose d'encore plus fou survient», affirme Doug Usher, un spécialiste des sondages ayant travaillé pour John Kerry.

Au cours de la campagne, les sondages ne se sont pas toujours montrés d'une extrême fiabilité. Ainsi, au début des primaires démocrates, les sondages donnaient pour certaine la victoire de M. Obama dans la primaire du New Hampshire. Cette primaire a finalement été largement remportée par Hillary Clinton.

A ses partisans trop enthousiastes, M. Obama rappelait récemment: «A tous ceux qui se sentent étourdis, trop sûrs d'eux ou pensent que les jeux sont faits, je n'aurai que deux mots: New Hampshire».