Du mépris et une profonde admiration. Les sentiments qu'éprouvent les Mexicains envers les États-Unis entrent constamment en contradiction.

Mois de février. Station balnéaire de Los Cabos. L'endroit, baigné par l'océan Pacifique, est envahi par les touristes, majoritairement américains. Sur la plage, un groupe de Mexicains admirent les étoiles. C'est soirée de congé pour ces jeunes travailleurs, dont la plupart ont quitté Mexico pour venir gagner des sous. Ici, ils ont l'impression de faire fortune. Le secret du succès: les pourboires en devise américaine laissés par ces riches venus du Nord.

 

Ils n'ont pas honte de le dire, ils profitent des dollars américains. D'ailleurs, à Los Cabos, en Basse-Californie, on a l'impression d'être aux États-Unis. Pourtant, lorsque La Presse a demandé à ces Mexicains s'ils avaient l'impression d'être en terre américaine, ils se sont emportés. «Ici, c'est le Mexique, c'est notre pays!» ont-ils répondu, tous sur la défensive.

Amour-haine, voilà le genre de relation qu'ils entretiennent envers leurs voisins du Nord, estime Jean-François Prud'homme, politologue au Colegio de Mexico, qui vit en terre mexicaine depuis 25 ans. «D'un côté, il y a un rejet très profond des Américains, dit-il. On essaie à tout prix de protéger la souveraineté nationale. En même temps, il y a une fascination pour la vie aux États-Unis, pour la consommation aux États-Unis.»

Il rappelle qu'il y a un énorme fossé entre les niveaux de vie aux États-Unis et au Mexique. Il existe également plusieurs dossiers litigieux qui tardent à se régler, comme l'immigration et les travailleurs illégaux.

Guillermo Cruz, avocat d'origine mexicaine qui travaille à Toronto depuis trois ans, abonde dans le même sens. «En général, les Mexicains éprouvent de la sympathie pour les citoyens américains. Mais ils ne sont pas toujours d'accord avec les décisions qui se prennent au États-Unis, explique-t-il. Et il est très important pour les Mexicains qui vont vivre là-bas de conserver leur culture, leurs habitudes alimentaires. Ils ne s'établissent pas aux États-Unis pour vivre le rêve américain, mais pour avoir de meilleures conditions de vie.»